Rabah Saâdane en avait gros sur le cœur, et la victoire face au Mali lui a permis de parler avec ses tripes. D'ailleurs le coach national ne s'est pas fait prier pour « dédier » cette victoire à tous ses « détracteurs ». Ses premières pensées, juste après le coup de sifflet final, sont allées tout droit vers ceux et celles qui ont critiqué le travail des Verts. La presse, en premier, n'a pas été épargnée par les déclarations enflammées de Saâdane, qui semblait en vouloir à tous ceux qui ne partagent pas ses idées. Le coach national ira plus loin en affirmant sur les ondes de la radio que « ces gens-là sont des traîtres ! Ce ne sont pas des Algériens ». Faut-il mettre ces déclarations sur le compte d'une simple colère due à une pression et à une situation difficilement gérables ? Saâdane a dit des choses qui, certainement, dépassent sa pensée, car, au détour d'un match, d'une défaite, il n'est pas admis de se permettre d'aussi grands écarts de langage qui ont brusqué un grand nombre d'Algériens. Le coach national n'a pas admis certaines critiques qui ont suivi la défaite de l'équipe nationale face au Malawi. Pourtant, sa longue expérience dans le domaine, ses succès et ses amertumes auraient dû servir de repère pour un sélectionneur qui sait bien qu'une équipe nationale c'est un tout et non pas un onze et un staff technique. Saâdane, en position de force après sa victoire face au Mali, s'est même offert cette phrase qui prouve qu'il était en rage contre tout ce qui bouge à l'envers : « le rôle des supporters est de venir au stade et de voir le match, c'est tout ! » Un peu fort comme déclaration de la part d'un entraîneur qui sait bien qu'en football, il y a d'abord le spectacle, et pour cela, il faut deux parties, à savoir les joueurs et les supporters. Avec la presse nationale, c'est un tout autre problème qui commence à prendre des proportions qui dépassent l'entendement. Le coach national et d'autres responsables de la sélection n'ont pas accepté les critiques au lendemain de la défaite face au Malawi, allant même jusqu'à accuser certains journaux de faire dans la déstabilisation. Un raccourci inacceptable dans la mesure où la presse nationale, tout comme une autre presse à travers le monde, a fait son métier autour d'une défaite sans remettre en cause les bonnes choses réalisées jusque-là. Il y a eu des amalgames que leurs auteurs doivent assumer. Ce n'est pas à la presse d'applaudir une défaite et ce n'est pas aux supporters de remonter le moral des troupes. Il existe des personnes grassement payées pour le faire et ce sont elles qui doivent prendre leurs responsabilités dans ce genre de situation. La presse nationale a toujours eu bon dos, mais il est utile de rappeler pour une énième fois que lorsque notre football était au creux de la vague dans une Algérie meurtrie par la décennie du terrorisme, la presse nationale a été la seule structure à entretenir la flamme d'une discipline en totale déperdition. Malgré son jeune âge, la presse sportive a été à la hauteur de sa mission. Aujourd'hui, des instructions en catimini sont données pour boycotter les journalistes nationaux, leur imposer le huis clos au moment où des chaînes françaises vivent l'équipe nationale à l'intérieur même de cette dernière, au moment où des joueurs se sont érigés en correspondants particuliers de certains sites. Saâdane quelque peu énervé, cela se comprend, car tous les algériens n'étaient pas bien dans leur peau après cette humiliante défaite, mais le coach national aurait dû tempérer son ardeur pour la consacrer au prochain match face à l'Angola. C'est celui-là le véritable adversaire des Verts.