A la fin du mois de novembre, tous les membres de la famille se mobilisent pour la cueillette des olives. Même ceux qui travaillent prennent des vacances. Le mois de mai touche à sa fin, le printemps aussi. Les premiers rayons de soleil et la chaleur annoncent l?arrivée de l?été. Dans les hautes montagnes du Djurdjura, les familles se rendent aux champs pour profiter de ces belles journées avant l?arrivée du soleil brûlant des trois mois d?été, mais également pour préparer le terrain à la cueillette des olives qui débutera en novembre. En effet, les familles labourent leurs champs d?oliviers et arrachent les mauvaises herbes et en retirent les pierres. Cela permettra de ramasser les olives proprement. Les femmes, de leur côté, conservent la nourriture nécessaire pour les jours de cueillette (de quoi se nourrir dans les champs). De la nourriture facile à préparer et qui se mange avec de l?huile d?olive, comme la salade de piment et de tomate. A la fin du mois de novembre, tous les membres de la famille se mobilisent pour cette activité, même ceux qui travaillent prennent des vacances. Ici en Kabylie, la priorité est à la cueillette des olives. Parfois, deux à trois familles se rassemblent et font la touiza. Chaque semaine, elles font la cueillette ensemble dans le champ de l?une d?elles, à tour de rôle, jusqu?à la fin de la récolte. Il y en a d?autres qui «louent leurs bras» en contrepartie d?une quantité d?huile. Puis, les moments «fatigants, mais d?ambiance chaleureuse» commencent. 5h, la mère se lève pour préparer le petit déjeuner et les provisions pour la journée. Ensuite, les autres membres de la famille se lèvent et se préparent. Généralement, les champs sont loin, alors le départ se fait très tôt, à 6h 30 ou 7h. «On préfère toujours aller à pied, cela fait de l?ambiance et un échauffement pour le travail dur qui nous attend», déclare Fazia, une jeune étudiante qui profite de ses vacances d?hiver pour aider sa famille. Une fois aux champs, on se repose un peu et on allume le feu pour se réchauffer en attendant la baisse de l?humidité, car «il ne faut pas toucher les arbres quand ils sont humides, cela les abîme». Alors en attendant, le père étale le filet au-dessous des oliviers et prépare les sacs de stockage. 10h, le travail commence. Le père gaule les oliviers et les autres ramassent les olives. Dans d?autres régions de peur d?abîmer les arbres ou les olives, on préfère cueillir directement à la main, «c?est plus difficile, mais c?est plus sûr». Ces moments sont des instants de fête pour les enfants, car eux aussi défient le froid des matinées d?hiver et accompagnent leurs parents aux champs, pas pour travailler, mais surtout pour jouer. Leurs rires et leurs bêtises font partie de l?ambiance. Pour alléger la dure tâche du ramassage des olives, ces «travailleurs» font appel aux histoires et blagues mémorisées depuis longtemps. «Cela fait passer le temps.» Dans certaines régions, les femmes chantent. Cela fait partie du rituel de la cueillette. Midi, voilà un autre moment de joie. Les membres de la famille se reposent et se rassemblent autour de la kesâa (un grand plat). «On a tellement faim que tout ce qu?on mange est bon. On a beaucoup d?appétit.» Une fois l?énergie emmagasinée, le travail reprend jusqu?à 17h. A ce moment-là, le souffle est repris, les affaires rangées, les olives stockées et la famille reprend le chemin du retour. Parfois, les familles qui font la touiza mangent chaque soir dans la maison de l?une d?elles, à tour de rôle, cela donne plus de charme à cette saison et plus de solidarité. Enfin, chacun rejoint son domicile en attendant le lendemain avec son lot de labeur et de convivialité.