Vision n Le ministère de la Santé envisage d'élaborer une véritable stratégie nationale permettant de promouvoir et d'encourager le retour à l'allaitement maternel. Cette affirmation a été faite hier, à l'INSP (Institut national de santé publique), d'Alger, par le secrétaire général du ministère de la Santé, Abdeslam Chacou. «Une politique globale en matière de promotion, de protection et d'encouragement de l'allaitement maternel est en cours d'élaboration par notre département. Cette politique sera basée sur les connaissances, les attitudes et les pratiques des femmes et des professionnels de santé.» A la lecture des résultats préliminaires de l'enquête, menée en 2009 par l'Institut national de santé publique (INSP) en partenariat avec l'Unicef, il apparaît que l'allaitement maternel, qui constitue un atout pour une bonne alimentation du nourrisson, est en net recul en Algérie, atteignant un taux de 12 %. La même enquête montre que l'allaitement maternel exclusif à 4 mois qui était de 56 % en 1995 est passé respectivement à 15,9 % et à 10,4 %. Les données de cette même enquête révèlent que les femmes allaitent de moins en moins longtemps, et même si elles sont nombreuses à donner le sein à leur bébé dès la naissance, une bonne proportion abandonne l'allaitement au sein au cours des 3 premiers mois pour différentes raisons. Interrogé en marge de cette rencontre sur les raisons du recul de l'allaitement maternel en Algérie, le représentant de l'Unicef en Algérie, Manuel Fontaine, a expliqué, que l'une des premières causes est le travail de la femme. «Au delà du congé de maternité une grande partie trouve des difficultés à poursuivre l'allaitement.» L'effet publicitaire des compagnies étrangères pour la commercialisation du lait de substitution participe largement à cet abandon, a-t-il ajouté. En outre, poursuit-il, beaucoup de femmes ne sont pas informées sur l'allaitement maternel. La plupart ignorent que le lait maternel peut être conservé et que l'allaitement maternel peut apporter des avantages importants non seulement à l'enfant mais aussi à la maman. En réalité, lorsqu'une mère allaite elle se protège contre certaines maladies, a-t-il noté. M. Fontaine a souligné également que l'allaitement maternel exclusif les 6 premiers mois de la vie du nourrisson est estimé à 7 % en Algérie. «C'est un taux trop bas, comparé au niveau mondial qui est d'environ 38%».Le représentant de l'Unicef a souligné le rôle des actions de sensibilisation et de formation qui doivent être menées par les sages-femmes et le personnel de santé, que ce soit du secteur privé ou public et à tous les niveaux en vue de soutenir et de promouvoir l'allaitement maternel dans notre pays. D'autant plus que dans la majorité des cas, l'acquisition des connaissances sur l'allaitement maternel se fait par le biais de l'entourage, rarement par le personnel de santé. L'enquêté révèle en ce sens, que dans leur pratique professionnelle, les personnels de santé enquêtés consacrent en moyenne 21 minutes à la promotion de l'allaitement maternel et ils le font surtout au cours du séjour de la mère/enfant dans la maternité et beaucoup moins souvent lors des différents contacts de la mère avec les unités de soins de base.