Richesse n Les manuscrits sont les témoins de la civilisation et de la culture élaborées et fructifiées par la société, et par lesquels celle-ci se dit dans son comportement, dans ses traditions et dans sa façon de penser. Les manuscrits sont un trésor, un legs ancestral, un patrimoine hérité, de génération à génération, par des hommes de culture et d'art comme par les artisans de l'idée et de la pensée intellectuelle. Et pour entretenir cet héritage et assurer sa transmission et dans l'espace et dans le temps, la Bibliothèque nationale a entamé dernièrement une opération à travers tout le territoire national visant à repérer et à recenser l'ensemble d'anciens manuscrits et d'autres documents rares. L'objectif consiste à en prendre soin et à les préserver. La sauvegarde de ce patrimoine matériel livresque se fait, d'une part, par la restauration et, d'autre part, par la numérisation. L'apport des nouvelles technologies s'avère, par ailleurs, indispensable dans la préservation d'un pareil patrimoine. Si la Bibliothèque nationale se soucie du devenir des manuscrits, c'est parce que ces derniers – un bien culturel et une référence patrimoniale – sont particulièrement fragiles. Exposés à la poussière, aux changements de température ainsi qu'à la manipulation, ils risquent de subir toutes sortes de détériorations. Même l'encre utilisée pour la rédaction des manuscrits peut, au fil du temps, subir des altérations au contact de l'air et, suite à des réactions chimiques, s'acidifier. Elle peut ainsi devenir un agent destructeur fragilisant un peu plus le support qui peut s'effriter à la moindre manipulation.Cette opération, qui s'effectue au niveau des khazinate, voire des bibliothèques traditionnelles que l'on trouve dans les zaouïas et des bibliothèques de particuliers, s'inscrit dans le cadre d'un programme de préservation et de protection. Cette entreprise de sauvegarde et de restauration est menée et assurée par la Bibliothèque nationale qui possède un laboratoire de restauration des manuscrits et une équipe de restaurateurs spécialisés, ayant déjà procédé à la numérisation de 1 200 manuscrits sur les4 200 qu'elle détient. Le travail de la bibliothèque nationale ne se limite pas seulement à cela, elle compte, en vue de mener à bien son entreprise, assurer, au niveau local, dans chaque zaouïa, une formation dans la restauration et la numérisation des manuscrits. Des jeunes seront alors initiés aux techniques de restauration, de conservation et donc de préservation d'un manuscrit, et cela à la lumière des nouvelles technologies. Ainsi, la Bibliothèque nationale met son savoir-faire en matière de conservation et de sauvegarde du patrimoine livresque au service des khazinate des zaouias. A noter que la Bibliothèque nationale est riche de près de 4 000 volumes, dont le plus ancien, une partie d'un exemplaire du Coran datant du IIIe siècle de l'hégire (IXe siècle du calendrier grégorien), écrit sur un parchemin et en caractères coufiques. Les plus récents sont les correspondances de l'Emir Abdelkader. Ces manuscrits, écrits dans une panoplie de langues (arabe, turc, perse, tamazight, français...), couvrent toutes les disciplines allant des sciences religieuses à l'astronomie en passant par l'histoire, la géographie, les mathématiques, la médecine et la littérature.