Fermeture n La clinique est, à cette époque, l'une des rares cliniques orthopédiques, spécialisée dans le traitement des tuberculoses osseuses. Après un hiver très froid, le mois de mai, en cette année 1963, promet d'être ensoleillé. En tout cas, ce matin-là, le soleil darde ses rayons et les malades de cette clinique privée, dans les Landes françaises, sont dans la cour, allongés sur des chaises longues. On profite du soleil, mais le moral n'est pas au beau-fixe. — vous êtes au courant ? demande un malade à un autre. — oui… — alors, c'est vrai, la clinique va fermer ? — c'est ce que l'on dit, son propriétaire va la vendre ! Le malade se tait, puis reprend. — qu'allons devenir ? — il faudra aller ailleurs ! — nous nous sommes habitués… moi, cela fait une année que je suis hospitalisée ! — moi, cela fait six mois… Un autre malade, qui a surpris la conversation, s'approche. — vous parlez de la fermeture de la clinique. Elle n'aura lieu qu'en septembre. — alors, c'est définitif, ça va fermer ? — oui, c'est officiel ! Un des malades s'insurge. — qu'est-ce qui prend au docteur Cuénot, de fermer la clinique ? — je crois que c'est une affaire de sous : ça ne rapporte plus ! — est-ce qu'on a pensé aux malades ? — une clinique privée, c'est avant tout une affaire économique… Ces malades ne sont pas les seuls à parler de la fermeture de la clinique. C'est son propriétaire et son directeur, le docteur Cuénot, qui l'a annoncé. La clinique est, à cette époque, l'une des rares cliniques orthopédiques, spécialisée dans le traitement des tuberculoses osseuses. Le docteur Cuénot, qui la dirige depuis vingt-trois ans, est un ancien interne des hôpitaux de Nancy, médaille d'or de l'internat, lauréat de l'Académie de médecine. Il est aussi le fils du biologiste, Lucien Cuénot, membre de l'Académie des sciences. Il est très estimé de ses pairs ainsi que de ses malades qu'il soigne avec dévouement. Ces derniers, cependant, n'apprécient pas qu'il ait décidé, pour des raisons d'ordre économique, de fermer la clinique et de la vendre. Depuis l'annonce de la fin des activités de la clinique, c'est devenu le sujet de conversation des malades et du personnel. Des tentatives sont faites pour faire changer d'avis au propriétaire, mais celui-ci a expliqué qu'il ne pouvait continuer. Allongés dans la cour, prenant le soleil, les malades parlent toujours de la fermeture. — je ne sais pas où aller ! J'ai encore besoin de soins ! — le docteur vous orientera… — c'est ici que je veux rester, moi ! — hélas, ce ne sera pas possible ! — c'est malheureux ! (à suivre...)