Résumé de la 147e partie n Sans que l'on sache d'où elles viennent, la clinique d'Arcachon est bombardée de pierres, à deux reprises. C'est un miracle que personne ne soit blessé. Cette fois-ci, le personnel ne se laisse pas prendre. Plusieurs personnes se précipitent à l'extérieur, pendant même la lapidation. Etonnement général : il n'y a personne, du moins pas d'agresseur à prendre en flagrant délit ! Le docteur Cuénot, qui n'est pas un homme à se laisser impressionner, est perplexe : comment des pierres peuvent-elles être lancées sans qu'il y ait de tireur ? On peut concevoir qu'on ne l'ait pas aperçu car il devait être embusqué ! — où ? s'interroge les infirmiers. Il n'y a pas de lieu couvert ! — il doit être loin d'ici… Avec une catapulte, il peut bien envoyer ses projectiles de loin ! — alors, c'est un maniaque, il va encore recommencer ! — heureusement que les pierres sont très petites ! — mais on peut en recevoir de plus grosses ! — c'est pourquoi, dit le docteur, je vais déposer plainte ! Le jour même, il dépose une plainte. Des policiers sont dépêchés, mais ils ne parviennent pas à trouver le tireur. Ni dans la clinique ni aux alentours, nul tireur n'est débusqué, en dépit de la vigilance des agents de la sécurité. Et pourtant, pendant plusieurs semaines, les pierres vont continuer à tomber sur la clinique. Dans le livre qu'il publiera sur l'affaire, Les certitudes irrationnelles, le docteur Cuénot écrit : «De la mi-mai jusqu'au début de septembre 1963, la clinique orthopédique d'Arcachon fut harcelée par la projection de cailloux, de morceaux de moellons, de fragments de brique dont l'origine est demeurée inconnue. Ce type de phénomène assez inhabituel, on en conviendra, sans que l'on ait pu surprendre un coupable pendant une durée assez longue, a déjà été signalé dans l'imagerie traditionnelle des maisons hantées. J'y portais, pour cette raison, d'autant plus d'attention que cela se produisait, presque chez moi, dans une clinique spécialisée dans le traitement des tuberculoses osseuses que je dirigeais à Arcachon depuis vingt-trois ans, donc dans un cadre que je connaissais parfaitement. En dehors du caractère inexpliqué, cette affaire m'a permis d'observer, sur le vif, les réactions psychologiques des personnes au courant, mais non concernées, des témoins directs qui reçurent les pierres et, surtout, d'une jeune fille qui semblait particulièrement visée. J'ai pu noter cette espèce de refus systématique qui est presque l'inverse d'une suggestion collective : tout le monde se refusait à admettre une explication irrationnelle, puis, devant l'impossibilité d'une interprétation satisfaisante, s'efforçant de ne plus y penser en s'abstenant de tout commentaire… Pendant cette période, les malades hospitalisés à la clinique, la plupart allongés sur des voitures, reçurent approximativement deux à trois cents cailloux de tous calibres. Parfois très petits, parfois d'un volume d'une demi-brique, ces projectiles étaient donc parfaitement inoffensifs ou alors parfaitement capables de tuer quelqu'un. La trajectoire des pierres, la direction du tir, la vitesse, le nombre et la nature des projections, furent très variables. L'horaire de la chute des pierres fut, lui aussi, très capricieux. Celles-ci tombaient à toute heure du jour, mais particulièrement à la nuit tombante. Jamais, il n'y eut de malades blessés et si deux d'entre eux furent touchés, ils ne le furent que très légèrement…» (à suivre...)