Evénement n La rencontre de Noureddine Saoudi avec Titi Robin a démontré que la musique arabo -andalouse est une musique ouverte, qui évolue avec le temps et s'adapte au contexte. Elle peut donc entretenir un dialogue avec les autres sonorités. C'est une musique qui peut être réorchestrée car elle est savoir cartésien, et il suffit juste de faire un bon dosage pour arriver à des sonorités, à des orchestrations idoines et intéressantes», confirme Noureddine Saoudi, musicologue et interprète. Ainsi, il est possible d'associer la musique arabo -andalouse à d'autres instruments, tels que l'accordéon, le «bouzouk» ou encore la guitare gitane ou «manouche», souligne-t-il. Et de reprendre : «En tout cas, les expériences que j'ai faites jusqu'à aujourd'hui, notamment avec les portugais, les espagnoles, avec la polyphonie corse et récemment avec Titi Robin m'ont démontré qu'il est possible de le faire, et cela se fait avec une facilité qui est celle de la musique elle-même». Noureddine Saoudi estime qu'il est aujourd'hui temps de mener des expériences en vue de renouveler le champ musical, voire créer un nouvel imaginaire et une poétique neuve et actuelle, tout comme il relève la nécessité de mener un travail de composition. «Je dis toujours que c'est absolument phénoménal ce qu'on peut faire avec la note, on peut créer sur le style andalou, et ça donne des choses très intéressantes.» L'artiste se montre ouvert à la création et encourage en conséquence la composition, seul moyen de conférer à la musique arabo-andalouse une dynamique nouvelle, sans toutefois altérer son authenticité. «La musique est un langage universel mais la musique andalouse en elle-même reste une musique d'actualité et contemporaine parce qu'il y a quand même des sonorités très intéressantes avec lesquelles on peut combiner avec d'autres sons, et aucune oreille au monde ne peut rester insensible à ce style et couleur de musique.» Cela revient à dire que cette musique n'est pas un fait sacré et que ce n'est nullement un sacrilège si quelques esprits créatifs prennent l'initiative de la combiner à d'autres instruments modernes et étrangers à son corpus. Cela revient également à dire à travers le travail de Noureddine Saoudi, qui a à son actif une composition nouvelle qu'il a appelée «nouba d'ziria» , que l'on peut arracher la musique arabo-andalouse, longtemps vue par les conservateurs et les puritains comme étant un domaine sacré, au stéréotype. «C'est nous qui sommes figés, dit l'artiste, la musique , elle, ne l'a jamais été. Ce sont nos mentalités qui le sont. Moi, je comprends tout à fait que les gens puissent être un peu froids par rapport à certaines choses - et c'est important toutefois qu'il y ait des gens comme ça - parce que ça nous permet de nous resituer et recentrer. Or, les choses évoluent dans la vie, la musique aussi. n Pour Noureddine Saoudi, la musique arabo-andalouse du début à la fin du XXe siècle «n'est pas du tout celle qu'on entend aujourd'hui que se soit au niveau de l'orchestration ou de l'interprétation. Ce qui reste c'est la mélodie et le corpus poétique mais la manière de la servir a complètement changé et évolué pour le bonheur de tous.» Ainsi, l'interprétation peut changer, mais les mélodies restent les mêmes. On n'y touche pas. L'interprétation se révèle effectivement intéressante parce que «chacun apporte un petit plus qui est le sien, ce qu'il faut c'est respecter les règles qui existent dans cette musique à savoir la mélodie, la rythmique, la prosodie, ça c'est fondamental.» A noter que Noureddine Saoudi, pour qui toutes ses rencontres avec les autres styles musicaux tels que le fado, le flamenco ou encore le chant corse ont été enrichissantes et constructives, mène des expériences s'inscrivant dans deux domaines : la réorchestration de la musique elle-même parce que «la musique aujourd'hui, et au fur à mesure du temps, évolue», ainsi que la composition. «J'ai déjà à mon actif une première expérience qui s'appelle la «nouba dziriya», j'en ai d'autres que je n'ai pas encore fait sortir et compte les faire partager avec le public au moment voulu», a-t-il annoncé. A la suite de ses différentes rencontres et expériences musicales avec les musiciens de l'autre rive de la Méditerranée , l'artiste est arrivé à la conclusion que «nous faisons partie de cette même famille musicale qui gravite autour de la musique andalouse, d'une manière générale la musique arabe orientale. Les frontières n'existent donc pas dans ce sens, et c'est la raison pour laquelle la rencontre ne peut être que fructueuses et réussie».