Résumé de la 3e partie Souhila va voir Abderahmane et lui demande de l?épouser. Il lui tourne le dos. Comme un automate, Souhila rabat sa voilette et sort à son tour. Le c?ur vide, elle se met à arpenter les rues, regardant droit devant elle sans réfléchir à rien. Presque sans se rendre compte, elle longe la rue de France, jetant un regard indifférent aux jeunes gens qui lui proposent au passage des tissus multicolores, des serviettes, des parfums? Même le chatoiement des célèbres gandouras constantinoises brodées d?or, exposées sur des mannequins dans de larges vitrines, des deux côtés de la rue, n?arrivent plus à capter son attention comme autrefois, où elle restait de longs moments à admirer une encolure brillante ou un «mrach» montant de l?ourlet à la taille, brodé d?une main experte. Souhila avance dans la rue commerçante, montant et descendant le trottoir au gré du mouvement de la foule, jusqu?au bout de la longue artère. Presque sans s?en rendre compte, elle se retrouve sur le pont de Sbitar. Quand elle s?y engage, elle sent les vibrations que font les voitures mais elle n?a plus l?appréhension habituelle qui la saisissait quand elle avait l?impression que le pont bougeait sous ses pieds. Quand elle traverse le pont, elle lève instinctivement les yeux vers le monument aux morts, sur la falaise. Elle songe un moment à grimper les escaliers de pierre, puis se ravise et bifurque à droite... Devant la porte de l?hôpital, les gens vont et viennent. La jeune fille se repose un moment sur un banc, face à la porte d?entrée. Au bout d?un long moment, la sirène d?une ambulance s?engouffrant dans la cour la fait sursauter. Elle se lève alors et reprend son chemin. «Je n?ai jamais eu de chance, se dit-elle, et j?ai porté malheur à mes parents... Papa, papa si tu étais ici, tout cela ne me serait jamais arrivé? Tu m?aurais protégée de tous ces dangers... Papa !» Souhila, les yeux secs, prononce à plusieurs reprises ce nom qu?elle n?avait jamais dit à personne. Alors, entre ses lèvres, tout en marchant, elle parle à ce père inconnu, persuadée, dans l?état d?esprit où elle se trouve, qu?il doit certainement l?entendre. Elle continue à arpenter les rues et se penche longtemps sur le rebord de pierre du pont Sidi-Rached où elle vient d?arriver, légèrement essoufflée. Sous elle, des jeunes couples sont assis sur l?esplanade plantée de bosquets de la rue des Romains, comme un petit square au-dessus du vide. A gauche, «zleïka» et «souika» descendent en pente douce jusqu?au bord du ravin. Souhila laisse errer son regard sur les petites maisons mauresques collées les unes aux autres. (à suivre...)