Parmi les nombreux travailleurs exploités, licenciés et poursuivis en justice, il y a Yacine Zaïd, ex-secrétaire général de la section syndicale Ugta à Eurest Support Services Algérie (ESS) – filiale de Compass Group. Il ne se rappelle même pas le nombre de plaintes pour lesquelles il a été entendu par le juge depuis le début de ses déboires. «En janvier 2008, les plaintes pour diffamations sur Internet se succèdent, je ne peux donc vivre tranquille que le week-end quand je suis certain que les huissiers ne viendront pas frapper à ma porte car c'est un jour férié et donc ils ne travaillent pas. En juin de la même année, j'ai été condamné à deux mois de prison avec sursis et à une amende de 200 000 DA (2 000 ¤). En novembre, j'ai comparu 5 fois devant le juge, même dossier, même affaire, seul changement : le nom de celui qui a porté plainte», a-t-il raconté. Durant le mois de décembre, une nouvelle plainte a été déposée contre lui par le groupe Compass et il a été entendu au tribunal de Hassi Messaoud. Le même mois, il était également au tribunal de Ouargla pour une autre plainte du même groupe. «Ils veulent me faire taire à tout prix.» Depuis deux ans et demi, sa vie détruite, Yassine Zaïd vit dans la crainte des représailles de Compass Group. «Sincèrement, maintenant je n'ai plus de quoi payer mon avocate à qui je dois déjà une grosse somme, mais elle m'a beaucoup aidé», nous a-t-il affirmé. Sa vie a basculé après tout ce qu'il a vécu : divorce et situation financière insupportable, mais il continue à dénoncer l'intolérable harcèlement dont il fait l'objet, notamment sur la Toile. Après les avoir contactées, de nombreuses organisations internationales lui ont déjà exprimé leur solidarité. Le comité d'entreprise européen a exprimé sa «grave préoccupation» face au licenciement de Yacine Zaïd, en estimant que «son seul crime a été d'organiser un syndicat de salariés au sein de ESS». Cette organisation exhorte Compass «à abandonner toute procédure légale à l'encontre de M. Zaïd, de le réintégrer immédiatement, de l'indemniser de toute perte de rémunération et de reconnaître à la fois son syndicat et sa position au sein de celui-ci».