Poursuivi dans 7 affaires de justice : Yacine Zaïd, un syndicaliste qui dérange El Watan 09 décembre 2009 Yacine Zaïd est un habitué des couloirs de la justice. Depuis son licenciement par son ex-employeur, Eurest Algérie, filiale du groupe Compass basé à Hassi Messaoud, il est convoqué déjà pour la 22e fois pour comparaître devant le juge dans 7 affaires de justice. Son tort ? Dénoncer des conditions de travail intenables : manque d'hygiène dans les bases vie, brimades et insultes. Lui, parle de représailles. Lundi dernier, une nouvelle plainte a été déposée contre lui par le groupe Compass et devrait être entendu au tribunal de Hassi Messaoud aujourd'hui. Mardi dernier, il était également au tribunal de Ouargla pour une autre plainte du même groupe. « Ils veulent me faire taire à tout prix », confie l'enfant de Ouargla. Sa vie a basculé le jour où il a créé une section syndicale au sein de la société Eurest Algérie, en compagnie de ses amis. Depuis, ce syndicaliste n'est plus en odeur de sainteté. Licenciement et harcèlement judiciaire s'enchaînent. « Ce sont des gens qui ont de longs bras », confesse-t-il. Autour de lui, tout s'écroule ou presque : divorce et situation financière insupportable. Bien que congédié, il continue à dénoncer l'intolérable harcèlement dont il fait l'objet. Ce gavroche a investi la Toile et saisi des organisations internationales. Son ancien employeur réplique avec plainte sur plainte, notamment pour diffamation suite à la diffusion des informations sur des sites internet de syndicats européens et américains. Yacine ne comprend pas pourquoi on s'acharne autant sur lui. Last but not least, il est également poursuivi ces derniers jours par le directeur des ressources humaines de Compass pour diffamation et menace sur internet. Le syndicaliste trouve le dossier vide et sans preuves. Alertées sur son cas, de nombreuses organisations internationales ont déjà exprimé leur solidarité agissante. Le comité d'entreprise européen a exprimé, en juin dernier, sa « grave préoccupation » face au licenciement de Yacine Zaïd, en estimant « que son seul crime a été d'organiser un syndicat de salariés au sein de ESS ». Cette organisation exhorte Compass « à abandonner toute procédure légale à l'encontre de M. Zaïd, de le réintégrer immédiatement, de l'indemniser de toute perte de rémunération et de reconnaître à la fois son syndicat et sa position au sein de celui-ci ». D'autre voix solidaires, émanant de France, USA, Grande Bretagne, se sont mises de la partie. Objectif : créer une chaîne de solidarité autour de lui. En Algérie, l'UGTA de Sidi Saïd reste aphone. Et Yacine en est ulcéré. « C'est le pays des paradoxes. Alors qu'un syndicat étranger m'exprime son soutien, l'UGTA m'a lâché, pourtant, je n'ai pas cessé de l'interpeller », raconte-t-il. Soutenant ne vouloir que faire valoir ses droits de travailleur bafoué, Yacine Zaïd n'est pas près de baisser les bras. « La dignité ne se vend pas », martèle-t-il.