"Métamorphose" De campement militaire, la ville est devenue un grand pôle économique. De 1844 à 2003, une longue histoire a marqué le passage de Batna d'un campement militaire du 5e bataillon du 3e zouave, destiné à appuyer après la conquête de Constantine la douloureuse occupation militaire française du Sahara, à une des plus grandes villes de l'Algérie moderne avec plus de 300 000 habitants. Les grandes dates de cette métamorphose sont actuellement évoquées par une exposition-souvenirs organisée jusqu'au 22 juillet à la maison de la culture de la ville par la commission municipale des affaires culturelles et sociales. Pour nombre d'historiens, 1844 est pourtant loin de marquer le début de l'histoire de Batna qui remonterait à plusieurs siècles. Les attaques répétées de la population locale contre le campement militaire dès sa constitution par le duc d'Aumale et la création dès 1858 de milices par les premiers colons «civils» attestent également de l'utilisation ancienne de ce terroir par les Auressiens. Toutefois, l'urbanisation effective du site de 1 050 m d'altitude ne commença qu'avec l'installation de ce camp militaire dont le nom est à ce jour porté par la cité où il a été érigé et dont certains vestiges en témoignent encore. Dar El-Hakim, résidence de l'administrateur, encore debout est l'un de ces vestiges. Elle était incluse dans l'enceinte du camp entouré d'un mur protecteur en pierre de trois mètres de haut dont la construction a duré de 1852 à 1878 avant d'être démoli un siècle après vers les années 1970 dans le tumulte de l'explosion urbanistique de la ville. Les archives coloniales datent du 12 septembre 1848, l'arrêté portant création d'une «ville européenne» baptisée d'abord «nouvelle Lambèse» puis renommée «Batna» par un autre décret promulgué le 20 juin 1849. L'hôtel de ville, encore siège de la municipalité, la cour de justice et un pâté de maisons et maisonnettes conservent avec l'organisation «quadrillée» du centre-ville le style architectural propre aux villes d'Europe. Au lendemain de l'Indépendance, la ville poursuit son essor en devenant le chef-lieu du département des Aurès supervisant un territoire de 38 482 km2 incluant Biskra, Khenchela et Tébessa ainsi que quelque 120 communes. L'histoire culturelle et sportive de la ville a de son côté quelque chose d'épique. «Les compagnons de la scène» furent ainsi, durant le milieu du siècle passé, les pionniers du théâtre dans cette ville avec, entre autres, comédiens de talents, Brahimi Dina et Abdessalem Doumandji.