Décision n Est-ce la fin de la crise née il y a deux semaines, de la dissolution du cabinet et de la Commission électorale indépendante (CEI) par le Président Laurent Gbagbo ? Alors que le mystère avait plané toute la journée, c'est sans les représentants de l'opposition que le Conseil des ministres s'est tenu dans l'après-midi au palais présidentiel à Abidjan. Mais le Premier ministre reconduit, Guillaume Soro, chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), a souligné que «les discussions se poursuivent» pour finaliser l'équipe, et s'est montré optimiste sur leur issue. Réunie au sein du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), l'opposition a confirmé ses dires, affirmant avoir «décidé de faire son entrée au gouvernement». Le RHDP et son allié dans cette crise, le Parti ivoirien des travailleurs (PIT), devraient donc bientôt occuper les ministères qui leur ont été promis. Le cabinet dévoilé mardi présente en effet la particularité de compter seulement 17 ministres nommés, et 11 postes à pourvoir par l'opposition. La remise sur pied de la CEI dans la nuit de jeudi à vendredi a levé un obstacle de taille à ce retour aux affaires, le RHDP en ayant fait un préalable. Les dernières discussions avaient buté sur les noms des futurs ministres, M. Gbagbo refusant la reconduction de titulaires RHDP de la précédente équipe, notamment des personnalités assumant d'importantes fonctions dans la campagne électorale de leur parti. L'opposition a confirmé cet apaisement en demandant à ses partisans de suspendre toute manifestation. Appelés par leurs leaders à s'opposer «par tout moyen» à la «dictature» de M. Gbagbo après la double dissolution, des militants RHDP avaient organisé à travers le pays des manifestations parfois violentes. Au moins sept personnes sont mortes lors de la répression de protestations. Avant même qu'il ne soit au complet, M. Soro a affirmé que ce «gouvernement de mission» devait conduire le pays à une élection présidentielle «dans les trois à quatre mois courants», soit fin juin au plus tard. Le calendrier communiqué cette semaine par la médiation du président burkinabé Blaise Compaoré, avançait l'objectif de «fin avril, début mai». Sans cesse reporté depuis la fin du mandat de M. Gbagbo en 2005, le scrutin est censé clore la crise née du putsch manqué de 2002, qui a coupé le pays en deux. Tout juste rétablie et renouvelée, la CEI va devoir se mettre au travail, avec un nouveau patron. Après d'âpres tractations, Youssouf Bakayoko, ministre des Affaires étrangères dans le cabinet précédent et personnalité du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), a accédé à la présidence de la commission. Un consensus s'était fait sur son nom, lui permettant de recueillir «19 voix sur 20». La CEI antérieure avait été emportée par la crise autour de son président, Robert Beugré Mambé, également issu du PDCI, et accusé par le chef de l'Etat et les siens de «fraude» sur la liste des votants.