Vénération Momo disait : «Mienne Casbah : si j?avais à choisir parmi les étoiles pour comparer le soleil, lui-même ne saurait éclipser la lumière du verbe que tu caches. Aucun lien sacré ni aucune capitale ne sauraient réunir ce que chaque matin le lever du jour t?offre comme guirlandes?» Si La Casbah m?était contée. Sur un fond de musique chaâbie traditionnelle, conteurs et poètes se sont donné rendez-vous, hier, à la médiathèque Bachir-Mentouri (ex-Pichon) pour conter La Casbah. Initiée par l?établissement Arts et Culture dans le cadre de la Journée nationale de La Casbah, cette rencontre aura été l?occasion de remémorer la vie sociale et culturelle entre les murs de ce monument historique, mais aussi de rendre hommage aux figures marquantes de la Casbah, tels Momo, Rouiched, Mohamed Debah? Une exposition de photos et de tableaux de la Citadelle et du vieil Alger était également organisée en marge de cette manifestation. Le conteur et chercheur Babassi, à la tête de plusieurs associations pour la sauvegarde et la réhabilitation de La Casbah, a fait rêver les invités en évoquant les légendes populaires autour de ce quartier, telle celle de Sidi Bougdour, «cet artisan qui a sauvé Alger de la colonisation espagnole qui s?apprêtait à débarquer sur la baie d?Alger, rien qu?en priant et en jetant ses marmites à la mer». «Parce que chaque quartier, chaque mètre carré a son histoire», les conteurs, présents en force à la médiathèque Bachir-Mentouri, ont voulu faire partager à la nouvelle génération ce qui les lie à «cette pittoresque Casbah d?Alger, au passé riche et fantastique». Le rituel des bains maures, les après-midi à la Casbah, les boqalate, le voisinage, les mariages et ce tissu sociologique et culturel qui s?est tissé et faisait la force des Casbadjis sont autant de thèmes passionnants abordés lors de cette qaâda dziria. Concernant le danger de ruine qui menace, aujourd?hui, ce patrimoine historique, les anciens locataires et amoureux de la Citadelle sont unanimes : «Nul autre que ses enfants ne peut sauver La Casbah.» En fait, ils estiment que «pour reconnaître la valeur et l?importance de ce monument historique, il faut y avoir déjà vécu». La plupart des natifs de La Casbah concluent, dans ce sens, qu?«en attendant qu?une véritable volonté politique décide de sauver ce ?c?ur d?Alger?, la Cité du Dey se détériore et tombe en ruine».