Figure n Le chanteur français engagé, auteur d'environ 200 chansons dédiées à l'amour et la fraternité, est mort hier à l'âge de 79 ans. Le chanteur, souffrant d'un cancer depuis plusieurs années, «ne communiquait plus que par écrit» et ne se montrait «quasiment plus» depuis deux ans. Son dernier combat aura été le soutien à l'opposant iranien Madjide Chahbasian, assigné à résidence à Privas (Ardèche) en 2003 et menacé d'extradition. Aussi prolifique que discret, Jean Ferrat a composé et interprété environ 200 chansons, mêlant textes engagés, hommages au poète et romancier Louis Aragon et déclaration d'amour à l'Ardèche, sa région d'adoption. En 50 ans de carrière, le chanteur français Jean Ferrat n'a eu de cesse de chanter d'une voix grave et douce l'idéal communiste, la fraternité et l'amour, s'insurgeant contre les utopies piétinées, l'injustice et la misère humaine. Jean Ferrat exprime dès les années 1960 sa «nature rebelle» et son attachement au communisme qui lui vaut d'être considéré par le public comme le «chanteur du PC». «Moi, si j'ai rompu le silence, c'est pour éviter l'asphyxie», chantait l'homme à la crinière blanche et aux moustaches généreuses qui s'est éteint en Ardèche (sud). Son attachement politique, Jean Ferrat, né Jean Tanenbaum le 26 décembre 1930 à Vaucresson (banlieue parisienne), le date de son enfance, lorsqu'un militant communiste lui sauve la vie sous l'occupation nazie. Son père Mnacha, juif émigré de Russie meurt déporté à Auschwitz. Il a alors 11 ans. Ses textes engagés lui vaudront parfois la censure à la radio dans les années 60 et 70. Sa chanson Nuit et Brouillard (1963), rappelant les horreurs de la déportation, passe alors en contrebande. Potemkine (1965), à la gloire des marins du cuirassé de la mer Noire, dont la mutinerie fut le prélude de la révolution russe de 1905, est interdite en direct. Révolté, il était aussi rêveur, connu pour avoir mis en chanson le poète Louis Aragon, comme lui défenseur du communisme et dont certains textes, notamment des poèmes d'amour, sont indissociables de la voix chaude et caressante de Ferrat (Que serais-je sans toi, Aimer à perdre la raison). Peu à peu, il s'est fait rare, quittant la scène qu'il n'a jamais vraiment aimée en 1972 pour s'installer dans sa tanière d'Antraigues, immortalisée par un de ses plus grands succès (La Montagne), avec sa femme, la chanteuse Christine Sèvre, décédée en 1981. Mais chaque nouvel album est un événement et souvent l'occasion d'un «coup de gueule» : contre la grande industrie du disque, le nucléaire ou la condamnation de l'altermondialiste José Bové (actuel eurodéputé) qu'il soutient à la présidentielle de 2007.