L'artiste français engagé, Jean Ferrat, à l'idéal communiste, auteur de près de 200 chansons, s'est éteint hier à l'âge de 79 ans en Ardèche dans le Sud de la France. Une région montagneuse qu'il affectionnait et qui l'a vu s'en aller. Révolté à la plume grandiose, Jean Ferrat restera l'auteur de La Montagne où il a définitivement fermé les yeux. A la scène, qu'il quitte après un passage au Palais des sports en 1972, il préfère son Ardèche d'adoption, qui lui inspire La Montagne, incontestablement un de ses plus grands succès. Réticent à passer à la télévision, le chanteur était sorti d'un long silence en 2003, pour l'émission «Vivement Dimanche» de Michel Drucker, y défendant ses deux passions, la chanson et la politique, s'insurgeant notamment contre la grande industrie du disque qu'il estime dangereuse pour la liberté de création. Après avoir écrit la musique des Yeux d'Elsa en 1956 pour André Claveau, il chante régulièrement à «La Colombe», puis fait sa première grande scène à l'Alhambra en 1961 où il triomphe avec Ma môme, et Deux enfants au soleil. Rapidement, Jean Ferrat choisit d'interpréter des textes plus engagés, comme Nuit et Brouillard en 1963, non diffusée par les radios, puis Potemkine en 1965, interdite d'antenne. Au service de tous les combats pour la fraternité, la révolte et l'idéal communiste, il était spécialement un poète fou d'Aragon, qu'il a interprété avec beaucoup de talent. Il lui consacre deux albums en 1974 et 1995. Compagnon de route du PCF, sans jamais en avoir été membre, il affirme haut et fort ne pas être soumis du parti. Ainsi, sa chanson Camarade dénonce l'invasion russe à Prague en 1968, ou Bilan, en 1980, qui fustige la déclaration de Georges Marchais sur le «bilan globalement positif» des pays de l'Est. Son dernier engagement politique était dans le cadre de la campagne des élections régionales et son franc soutien à la liste du Front de gauche en Ardèche. Aussi prolifique que discret, Jean Ferrat a composé et interprété un vrai patrimoine, mêlant textes engagés, hommages au poète et romancier Louis Aragon et déclaration d'amour à l'Ardèche, sa région d'adoption, où il résidait depuis de nombreuses années. R. N.