Image n Il est 9h en ce vendredi (hivernal et pluvieux), les rues de la ville de Tizi Ouzou sont quasiment vides. Nous traversons le centre-ville pour nous rendre à la «station» des fourgons, sise près de la poste Chikhi. Même les vendeurs illicites de fruits et légumes qui écument habituellement les trottoirs de cette rue sont absents et seuls quelques marchands de plantes aromatiques sont au rendez-vous. Le fourgon qui dessert le village d'Issiakhen Oumeddour, attend d'être plein pour démarrer. C'est qu'à Tizi Ouzou, où le secteur du transport échappe à tout contrôle, il n'y a pas d'horaire pour le départ. Aussi un transporteur ne démarre pas tant que les places ne sont pas toutes occupées. Le fourgon s'ébranle au bout de quelques minutes ; il traverse la rue M'douha et en passant devant la cité universitaire du même nom, nous avons constaté que l'accès à la résidence est bloqué par une mare d'eau. Le véhicule s'engage ensuite sur la RN12, pas question d'ouvrir les vitres. Les voyageurs risquent à tout moment d'être «arrosés» par un autre véhicule qui, ne pouvant éviter les flaques d'eau sur la route nationale, soulève sur son passage un rideau d'eau boueuse. Nous arrivons enfin à destination. Le fourgon stationne au niveau d'un abribus qui ne sert vraiment pas à grand-chose en temps de pluie, avant de poursuivre sa course vers la zone industrielle, sise à quelques centaines de mètres plus loin. Nous nous retrouvons sur la RN12 et en face de nous, le village d'Issiakhen Oumeddour. Une belle villa et des bâtisses en briques rouges en construction dominent l'entrée du village cachant la désolation qui règne à l'intérieur. Pour nous rendre au village, nous sommes contraints de traverser la RN12, un axe dangereux ou plusieurs personnes, notamment des vieux, ont trouvé la mort, fauchées par des véhicules. Un gendarme, qui règle la circulation, se propose de nous faire traverser. Pour obliger les chauffards à ralentir, le comité de village d'Issiakhen Oumeddour, et après plusieurs demandes sans écho adressées à l'APC, ont fini par réaliser eux-mêmes un ralentisseur. Par ailleurs, lorsqu'il pleut, les routes du village deviennent totalement impraticables. Tous les accès sont inondés et certaines se transforment en oueds. Les habitants sont alors contraints de s'armer de pioches et de pelles pour dégager un passage vers leurs habitations, mais aussi pour empêcher l'eau de pénétrer à l'intérieur des maisons. Nous avons eu du mal à nous déplacer dans le village devenu marécageux. Pour nous rendre au stade, nous avons emprunté la rue qui dessert également la Maison de jeunes. Une flaque d'eau de pluie de plusieurs centimètres de profondeur nous oblige à raser un mur et à nous y cramponner pour ne pas glisser. Selon les membres du comité de village, la direction des travaux publics a entamé des travaux de terrassements pour le bitumage du village qui a été divisé en deux lots. Mais le bitumage du hameau semble être relégué aux calendes grecques. n Au stade, un spectacle désolant s'offre à nous. Même le terrain est parsemé de flaques. Un membre du comité de village nous dira : «Nous étions contents d'avoir un stade, mais la pluie a mis un terme à notre enthousiasme et a révélé les imperfections du travail qui a été fait.» En sus du terrain de jeu inondé, les deux accès aux vestiaires sont impraticables. Le vice-président du club que nous avons trouvé sur place nous dit : «Nous sommes obligés de mettre des briques pour pouvoir traverser la flaque d'eau et rejoindre les vestiaires». A l'intérieur de ces derniers, il n'y a ni gaz ni eau… ! quant aux subventions, c'est une autre histoire. Le vice-président du club dit qu'il n'en a plus reçu depuis l'année passée. Il s'est retrouvé contraint de mettre la main à la poche et de débourser son propre argent.