Hip-hop n Le groupe new-yorkais, en tournée depuis le 29 mars en Algérie, a gratifié le public, hier, à la salle Atlas, d'une performance musicale typique et phénoménale. Typique, parce que sa musique est inspirée de la culture urbaine. Phénoménale, parce qu'elle est composite : elle est un mélange vif, ardent et fougueux de genres. C'est une myriade d'influences musicales, allant du hip-hop au jazz, du blues et de la soul au R&B et au rock'n'roll. Chen Lo et ses trois compagnons musiciens (Ken White, DJ Scandales et Baassik) nous viennent directement de Brooklyn, le célèbre quartier noir de New York. Et toute la culture urbaine et notamment celle spécifique à ce quartier réputé pour être chaud et défavorisé, mais aussi créatif et vivier de talents dans ce genre de musique, est représentée à travers le répertoire du groupe. Celui-ci illustre, par l'expression du hip-hop, pur et dur, la réalité des ghettos, la jeunesse noire des quartiers «déshérités», comme il dépeint l'histoire du peuple afro-américain, un peuple qui a été arraché, il y a des siècles, à sa terre natale pour servir d'esclaves dans les plantations de coton et de canne à sucre en Amérique du Nord. Par une musique aux sons distinctifs mélodiques et dynamiques, Chen Lo and the Liberation Family met en exergue des événements historiques et contemporains comme des éléments simples de la vie. A cela vient s'associer une dimension festive, sans pour autant dénaturer l'essence même du contenu musical des chansons interprétées avec caractère, c'est-à-dire toujours dans un esprit de revendication. Enfin, ce que l'on retient de ce récital de hip-hop, c'est l'énergie débordante par laquelle s'est illustré le groupe. L'on y retient également une musique engagée et provocatrice, musique qui, pleine de charme et regorgeant d'émotion, apparaît comme une entité poétique : il s'agit d'emblée de la poésie urbaine. La tournée de Chen Lo and the Liberation Family – du 29 mars au 4 avril – a été initiée dans le cadre de la coopération culturelle entre l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique à Alger et l'Office national de la culture et de l'information (Onci). Le groupe a donné des concerts à Sétif, à Batna et à Alger, comme il est allé à la rencontre de jeunes musiciens algérois imprégnés de la culture urbaine, donc hip-hop, en animant un master class à la salle Atlas. L'originalité de la musique de Chen Lo and the Liberation Family est due au brassage que la formation fait des différentes cultures musicales découvertes au fil de ses voyages et de ses recherches. La musique du groupe véhicule «un message de paix de l'âme et de l'esprit, de libération et d'unité», a déclaré Chen Lo, le leader de la formation, lors d'un point de presse avant le concert. l «Nous sommes venus en Algérie pour découvrir une nouvelle culture, établir une connexion avec la musique algérienne et le hip-hop qui se pratique en Algérie», a déclaré Chen Lo, ajoutant : «Nous aimerions beaucoup élaborer des projets artistiques avec des groupes de hip-hop algériens. Car c'est la seule façon, pour nous, de connaître et de faire connaître une culture, de l'élargir et de la faire grandir...»Interrogé sur le choix musical, Chen Lo explique : «Le hip-hop est la forme la plus populaire et la plus répandue dans le milieu des jeunes? C'est d'ailleurs par ce biais qu'ils s'expriment. C'est une musique libératrice, c'est-à-dire un moyen artistique utilisé par les uns et les autres pour se libérer de tous les carcans et faire face à l'oppression. Le hip-hop reflète la force des jeunes…» Quant au style de cette musique, «c'est une manifestation actuelle de plusieurs genres musicaux et de sonorités.»Interrogé sur le hip-hop en Afrique du Nord et notamment en Algérie, l'artiste souligne : «Nous avons fait une recherche sur le hip-hop dans la région et nous avons été impressionnés par l'influence et la profusion de cette musique en Afrique du Nord. Une des choses découvertes lors de mes recherches, c'est que le hip-hop algérien ressemble, sous divers aspects, à la naissance de ce genre aux États-Unis.»