Alger En ce lundi 16 juillet 2001, alors que Zohra s?apprêtait à boucler ses 16 ans, tout était mis en ?uvre pour que sa fugue la mène chez Salah, son violeur, qui la dépasse de 24 ans. En ce début du mois de mars 2002, huit mois après son inculpation et à un mois de son 41e anniversaire, Salah comparaît en séance criminelle du tribunal d?Alger pour répondre du chef d?inculpation retenu contre lui, à savoir viol sur mineure de moins de 16 ans. La genèse de cette affaire remonte à l?été 2001 quand l?adolescente fut récupérée après sa fugue par Salah, boulanger pâtissier de son état, qui l?abrite à l?intérieur de son local. La trouvant alléchante dans sa tenue de satin, son instinct fut vite éveillé et, n?entendant pas rater une belle occasion, il passa à l?acte et mit un terme à sa virginité. Après quoi, elle fut récupérée par un voisin qui l?achemina vers la Sûreté de la même ville où elle déposa plainte contre Salah. Au cours de son interrogatoire de neuf questions, le prévenu avait reconnu, à quelques contradictions près, les rapports sexuels entretenus avec Zohra, mais n?a reconnu à aucun moment la défloration. L?énigme, dans tout cela, est que Salah dira qu?il y avait un manuscrit rédigé des mains de la victime dans lequel elle relatait que sa mère l?avait poussée à l?incriminer et que le vrai violeur n?était que son voisin. Appelé à la barre le 3 février 2004, Salah répétera les mêmes déclarations en soulignant qu?il s?agissait d?une mise en scène préparée contre lui afin de sauver le vrai auteur du viol. Invitée à relater les faits, la jeune fille répondait avec assurance que son violeur était Salah et que son voisin ne lui vouait que respect. Il n?avait fait que l?aider à aller au commissariat de police. Dans sa plaidoirie, l?avocat de la partie civile insista en premier lieu sur le cas social de la jeune fille qui était précaire. «Le divorce de ses parents l?a déjà rendue délicate, vivre avec sa mère remariée à un autre homme n?avait fait qu?accentuer sa faiblesse», dira-t-il, avant de conclure que son statut de mineure prime, peu importe la manière dont l?acte sexuel était commis. Un élément qui d?ailleurs sera souligné par le représentant du ministère public qui dira : «Le point essentiel de cette affaire demeure l?acte social» et de requérir 10 ans de prison ferme à l?encontre de Salah, tout en laissant sous réserves les frais de réparation du préjudice moral. Pour l?avocat de la défense, c?est l?âge de la jeune Zohra qui était mis en cause car, dira-t-il, l?extrait d?acte de naissance ne figurait pas dans le dossier qui lui a été remis au dernier moment par son confrère. Tentant de disculper son client, il dira que beaucoup de choses sont cachées par la plaignante et sa mère qui avaient monté ce scénario de toutes pièces. «Je maintiens que mon client est innocent dans cette affaire, donc je demande purement et simplement un non-lieu en sa faveur», conclut-il. Après les délibérations, le président reprend le dossier de Salah en étalant son enquête sociale qui le classe non-buveur, travailleur, honnête, sans problèmes et sans antécédent judiciaire, marié et père de cinq enfants et non habitué aux femmes. Mais les indices sont là et confirment le délit qui lui est reproché. Ainsi, le verdict prononcé contre Salah est de 3 ans de prison ferme assortie d?une somme de cent mille dinars, pour réparation du préjudice moral causé à Zohra.