Alger Le tribunal criminel a condamné le 12 août 2004, à 15 ans de réclusion criminelle, Salah, 35 ans, accusé d?avoir assassiné Sid Ahmed, 31 ans, de surcroît handicapé physique. Salah, rappelons-le, a déjà été condamné à 18 mois de prison pour commercialisation de stupéfiants. Triste sort pour cet infirme, il devait se marier à la fin de ce mois-ci. Tout a commencé par quelques chamailleries avant qu?une grande bagarre éclate à proximité de chez Sid Ahmed, à Bordj El-Kiffan,«lieu où il écoule sa marchandise». Salah muni d?une barre de fer frappe Sidi Ahmed, une première fois à la nuque puis lui assène à la tête deux coups qui lui feront plier les genoux : Sid Ahmed s?écroule sur le sol, raide mort. Après une minutieuse enquête, Salah est arrêté et présenté au juge d?instruction qui l?inculpe pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. La victime, outre les blessures à la tête, en présente d?autres au thorax et à l?épaule droite. En conclusion de son rapport, le médecin légiste fait le constat d?une hémorragie cérébrale, à la suite d?un traumatisme crânien occasionné par un objet dur. Une année après le dramatique événement, Salah devait comparaître devant un tribunal criminel. Tout au long de son interrogatoire par la présidente, il ne cesse de réitérer ses regrets, déclarant que le défunt le menaçait aussi d?un couteau. A la fin des débats, la présidente lit le rapport de l?enquête sociale concernant Salah qui avait déjà écopé, en 1999, d?une peine de 6 mois pour coups et blessures volontaires, en plus des 18 mois de taule pour une histoire de «stup». Au sujet de la victime, ajoute la présidente, il s?avère qu?elle était ivre au moment des faits, car l?analyse décèle la présence d?un taux de 2,27 g d?alcoolémie dans son sang. Le ministère public, quant à lui, fait tout pour prouver la «sauvagerie» de l?accusé envers un homme handicapé. «Aujourd?hui, dit-il, nous jugeons un monstre, pas un être humain, et je prie l?honorable cour de n?accorder aucune clémence à cet individu». Il requiert ensuite une peine de 20 ans de réclusion. Succédant à l?avocat général la défense s?attarde longuement sur l?expertise médicale, qu?elle décortique mot à mot, qu?elle tente d?expliquer aux juges et jurés qu?il était probable que la mort de la victime est survenue à la suite de sa lourde chute à même le sol, la tête ayant heurté violemment l?arête du trottoir. Après délibération, Salah est condamné à 15 ans de réclusion criminelle.