Insouciance n Plus que les fauves, il y avait les ogres… C'est pourquoi, les parents des cinq jeunes hommes les mettent en garde. Les ogres, dit-on, n'existent pas que dans les contes… En Kabylie, dans les Aurès, dans les montagnes de Constantine, dans l'Ouarsenis et ailleurs, des gens affirment en avoir entendu parler… Certains disent même en avoir rencontré… Comme dans les contes, les ogres sont anthropophages et se repaissent de chair humaine, on leur prête également des pouvoirs magiques, comme le don de voler dans les airs, de réaliser des tâches impossibles pour les humains, de se retrouver dans plusieurs endroits à la fois… Cette histoire se serait passée dans le massif des Aurès au XIXe siècle. Ceux qui nous l'ont racontée affirment qu'elle est authentique. Mais le récit, s'il a des accents de vérité, est dominé par la fiction… Dans un village haut perché, deux jeunes hommes de la même tribu, appelons-les Ali et Omar, sont amis. Ils ont le même âge, ils ont été élevés ensemble, et depuis l'enfance ils sont inséparables. Un jour, ils décident de partir à la chasse, non pas dans les forêts qui entourent leur village mais loin, très loin, au sommet de la montagne. Les forêts des Aurès étaient plus giboyeuses qu'elles ne le sont aujourd'hui : il y avait des fauves, des lions, lesquels, l'hiver quand ils étaient chassés par la neige, descendaient jusque dans les villages où ils semaient la terreur. Mais plus que les fauves, il y avait les ogres… C'est pourquoi les parents des deux jeunes hommes les mettent en garde. — Soyez prudents, méfiez-vous des ogres ! Ne montez pas trop haut, dans la montagne, c'est là que ces monstres habitent ! Les jeunes hommes rient. — Des ogres ? ça existent vraiment ? — Oui, ce sont des créatures malfaisantes ! — Allons donc, ne nous prenez pas pour des enfants ! Tout le monde sait que les ogres, c'est pour faire peur aux enfants ! — Et nous, nous ne sommes plus des enfants ! — Vous avez tort de douter de l'existence des ogres ! Mais pour rassurer leurs parents, les deux jeunes gens promettent d'être sur leurs gardes. Ils ont sellé leurs chevaux, pris des provisions ainsi que des fusils. Ils partent, donc, montant de plus en plus haut, dans les régions où il fait frais et où les cerfs et les mouflons abondent. — N'est-ce pas là, dit Ali, où habitent les ogres ? Son compagnon se moque de lui. — Tu aurais peur des ogres ? — Non, dit-il, mais je te rappelle les recommandations de nos parents. Son camarade rit : — Nos parents exagèrent ! et puis, nous avons nos fusils pour nous défendre. Qu'un ogre pointe son nez et il verra comment nous l'accueillerons ! — Les ogres sont dotés d'une force extraordinaires, mais ils vivent comme des bêtes, ils ignorent l'usage des fusils. (à suivre...)