Déclaration n «La plupart n'avaient pas été arrêtés par les forces américaines» mais vendus 5 000 dollars par tête aux Etats-Unis. L'ex-président américain, George Bush, savait que la majorité des détenus de la prison de Guantanamo étaient innocents. Ils étaient maintenus en détention pour des raisons politiques, a affirmé hier, vendredi, l'ex-bras droit de Collin Powell. Lawrence Wilkerson, directeur de cabinet de l'ancien secrétaire d'Etat américain entre 2002 et 2005, raconte dans une déclaration jointe à la plainte d'un ancien prisonnier de Guantanamo comment il a découvert que les détenus de Guantanamo avaient en majorité été arrêtés par erreur. Dans cette déclaration datée du 24 mars dernier et révélée par le quotidien britannique The Times, Wilkerson affirme que l'ancien vice-président, Dick Cheney, et l'ex-secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, savaient que la majorité des personnes détenues en 2002 sur la base étaient innocentes mais qu'il était «impossible politiquement de les relâcher». «J'ai parlé au secrétaire Powell des détenus de Guantanamo. J'ai appris qu'il était d'avis que ce n'était pas seulement le vice-président Cheney et le secrétaire Rumsfeld, mais également le président Bush qui étaient impliqués dans tout le processus de décision concernant Guantanamo», écrit-il. Parmi les 742 détenus que le camp de détention accueillait en 2002, « la plupart n'avaient pas été arrêtés par les forces américaines » mais vendus 5.000 dollars par tête aux Etats-Unis, assure Wilkerson. En revanche, «aucun élément à charge n'accompagnait le prisonnier» et «il n'y avait pas vraiment de moyen de savoir pour quelle raison ils avaient été arrêtés au départ». Cheney et Rumsfeld ne voulaient pas relâcher les «innocents» car cela aurait «révélé la confusion incroyable qui entourait les conditions de détention à Guantanamo», ajoute le Times. Le maintien «d'innocents se morfondant à Guantanamo pendant des années était justifié par la guerre contre le terrorisme et le petit nombre de terroristes responsables des attentats du 11 septembre 2001». Wilkerson raconte également à quel point Powell était soucieux de constater que certains détenus de Guantanamo avaient été arrêtés «à l'âge de 12 ou 13 ans», ou «à 92 ou 93 ans». Cette déclaration a été produite en soutien à la plainte pour torture et mauvais traitements qu'Adel Hassan Hamad, un Soudanais détenu à Guantanamo de 2003 à 2007, a déposée devant un tribunal fédéral de Washington. Sa plainte en Habeas corpus (contestation du bien-fondé de sa détention), ainsi que celle de 104 autres anciens détenus de Guantanamo, a été rejetée au début du mois par un juge de la capitale fédérale américaine. Il a estimé que les hommes ayant été relâchés, leur action en justice s'éteignait. Barack Obama, le successeur de George Bush, a ordonné la fermeture de la prison sur la base américaine de Cuba mais il n'a pas pu tenir son engagement en raison du casse-tête politique, judiciaire et humanitaire que cela représente. Environ 180 personnes sont encore détenues à Guantanamo.