La Kabylie célèbre aujourd'hui le 30e anniversaire du Printemps berbère. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, cet événement sera, cette année, célébré dans la division. La revendication identitaire ayant été trop instrumentalisée et utilisée jusqu'à l'usure à des fins politiques, chaque partie tente de tirer la couverture à soi et de faire une démonstration de force par le nombre de participants à sa marche. MAK, RCD, Arouchs ont marché, chacun selon son itinéraire, pour commémorer des événements dont les acteurs principaux étaient les grands absents au rendez-vous. Un de ces derniers, Mohand Ouameur Oussalem, dira à une étudiante qui lui demandait pourquoi il n'était pas très connu comme acteur d'Avril 1980 : «Nous avons fait notre devoir (en avril 1980, ndlr) et nous sommes rentrés chez nous. Aujourd'hui, des personnes qui n'étaient même pas présentes lors du Printemps berbère animent des conférences pour parler d'événements qu'ils n'ont pas vécus.» Il pense qu'aujourd'hui il y a lieu de faire le bilan de ce qui a été acquis et de ce qui reste à faire pour promouvoir tamazight. 30 ans de lutte pour la reconnaissance de tamazight ont permis d'arracher deux revendications importantes et pas des moindres, à savoir la constitutionnalisation de tamazight comme langue nationale et son enseignement à l'école. Pour ce dernier point, des manques sont toutefois à relever. Le caractère facultatif de son enseignement, le faible volume horaire qui lui est consacré (3 heures par semaine) dans le programme, le recul de son enseignement de 16 wilayas au début, à seulement 9 aujourd'hui et la faiblesse de la production en tamazight sont des contraintes à sa promotion qu'il faudra lever. M. Oussalem pense qu'on ne peut pas demander à l'État de prendre en charge tamazight, c'est à la société de le faire avec toutes ses composantes, à commencer par le parler. Car aujourd'hui, en Kabylie, les gens communiquent plutôt par un «code mixing» qui est un mélange de kabyle et d'autres langues (notamment le français) et surtout en s'unissant pour une cause qui est après tout commune à tous ceux qui, aujourd'hui, célèbrent le Printemps berbère dans la division.