De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar La célébration du 29ème anniversaire du Printemps amazigh, qui coïncide toujours avec le souvenir douloureux des événements dramatiques de 2001, sera cette année foncièrement culturelle en Kabylie. Aussi bien à Béjaïa qu'à Tizi Ouzou et Bouira, les commémorations sont presque les mêmes partout. Expositions, conférences-débats, spectacles de théâtre et galas musicaux figurent invariablement dans tous les programmes élaborés à ce sujet. Contrairement aux années précédentes, les partis politiques traditionnels et les structures du mouvement de revendication identitaire ont cédé cet outil mobilisateur des festivités printanières aux associations culturelles et autres collectifs d'étudiants. En effet, l'ambiance n'est plus, cette fois, aux démonstrations de rue et autres défilés de protestation comme il est de coutume en pareille occasion. On doit souligner à ce sujet que la constitutionnalisation de tamazight, le lancement récent d'une chaîne de télévision d'expression berbère, l'enseignement de cette langue maternelle dans les écoles publiques et la mise en place de dispositifs institutionnels pour la promotion de la culture amazighe sont autant d'acquis qui ont sensiblement atténué le caractère profondément revendicatif et contestataire de ce double anniversaire du 20 avril. La conquête de tous ces droits a, cependant, nécessité des sacrifices incommensurables. La mémoire de tous ceux qui se sont dévoués, corps et âme, pour réaliser ces avancées demeure, toutefois, l'objet de respect et de considération des populations de la région. Cette année, on semble vouloir honorer cette mémoire dans le calme et la sérénité. D'autre part, le discours politique, prôné par les partis et les courants soi-disant bien ancrés localement, a progressivement montré ses limites au cours de ces dernières années. Le FFS comme le RCD et les différents démembrements du mouvement citoyen sont, comme qui dirait, en retard par rapport à une société réelle qui évolue très vite et refuse la manipulation de cette question identitaire et linguistique à des fins politiques ou de pouvoir. Le discours développé par tous ces acteurs politiques est bien loin des préoccupations courantes et des aspirations légitimes des citoyens. Pour ce 29ème anniversaire, l'honneur revient donc au mouvement associatif et aux institutions culturelles de marquer cette date historique. Aujourd'hui à la maison de la culture Taous Amrouche de Béjaïa, le TRB présentera la générale de sa dernière production intitulée les Vigiles. Une adaptation théâtrale du roman de Tahar Djaout portant le même titre. Des conférences-débats sont aussi programmées dans les résidences universitaires de la ville. Animateurs du MCB-historique, enseignants-chercheurs de tamazight et auteurs écrivant dans cette langue sont invités à présenter des communications sur cette question. Des concerts de musque kabyle sont également au menu. Le centre culturel Malek Bouguermouh de la ville d'Amizour abrite, pour cette même circonstance, la 4ème édition de son Festival de théâtre amateur. 23 troupes, issus de 5 wilayas (Annaba, Sétif, Oran, Naama et Tizi Ouzou), alternent les spectacles depuis le 15 avril dernier. La clôture de la manifestation est prévue pour demain, 20 avril, avec la remise des prix aux trois premières troupes. A Seddouk, c'est la fondation Cheikh Aheddad qui présente un riche programme d'activités à la maison des jeunes de cette localité montagneuse. Théâtre, projection de films, exposition et gala de chant sont au menu. Des programmes similaires sont également déclinés dans de nombreuses autres localités. Dans la vallée de la Soummam comme sur la bande côtière, appelée communément Es Sahel, les maisons des jeunes et les centres culturels volent, cette fois, la vedette aux traditionnelles marches et autres grosses manifs de rue.