Constat Qu?il soit représenté par Bouteflika ou un autre, le système est ainsi fait : il traite ses administrés de la même façon. Jamais le Sud algérien n?a bénéficié d?autant d?attention de la part des pouvoirs publics que ces derniers jours, plus précisément depuis que les jeunes de Ouargla et de Touggourt ont décidé que c?en était trop et que le moment était venu de faire entendre leur cri de colère. Même si Ouyahia a estimé que cette expression de ras-le-bol aurait pu se faire d?une manière moins violente et moins destructrice, il n?en demeure pas moins que la protesta a été jugée légitime et que ses fruits n?ont pas tardé à être cueillis. C?est en effet le branle-bas de combat au sommet : pas moins de deux ministres ont été dépéchés sur les lieux manu militari. Ould Abbès et Louh ont, toutes affaires cessantes, pris la destination de ce Sud oublié, la guerre est déclarée aux «négriers des temps modernes», qualificatif choisi par le Chef du gouvernement pour désigner les agences d?emploi qui jusque-là ont lésé les habitants du Sud au profit de ceux du Nord. C?est du moins ce que semblent tout d?un coup découvrir, de longues années après que ces agences eurent été créées et agréées, les décideurs. A la faveur d?une campagne électorale entamée avant l?heure, ces derniers n?en sont pas à leur première découverte. Le président de la République ne se disait-il pas «choqué», il y a quelques jours d?«apprendre» que Aïn Salah, qui repose sur les plus grands gisements du pays, est quasiment privée de gaz naturel ? Certes, ce serait faire preuve d?une trop grande naïveté que de s?interroger sur la «coïncidence» d?une telle prise de conscience avec l?échéance électorale, mais ce qui ne peut être passé sous silence, c?est ce mépris que n?hésite pas à afficher le pouvoir, sans la moindre velléité de maquillage, envers le peuple. Qu?il soit représenté par Bouteflika ou par n?importe quel autre président, le système est ainsi fait il réagit et se comporte avec ses administrés comme il le ferait avec d?éternels handicapés mentaux. Avec la même hypocrisie, la même condescendance. Trop violent le mouvement de protestation des jeunes de Ouargla ? A constater les résultats positifs auxquels il a abouti, Il faut croire que non. Toutes les tentatives de se faire entendre de longues années durant, sont restées vaines. Il a suffi qu?ils «cassent et brûlent» pour qu?enfin l?on daigne les entendre et les voir. Voilà aussi un autre cadeau du système, un bel apprentissage de démocratie et de culture civique dispensé à notre jeunesse : «Parlez tant que vous voudrez, personne ne vous écoutera. Incendiez et détruisez et tous vos problèmes seront pris en charge.»