Constat n Les analgésiques (pris pour calmer les douleurs) sont vendus comme des bonbons dans nos pharmacies. Il suffit de souffrir d'un petit mal pour se diriger à l'officine la plus proche pour se procurer le calmant, sans même prendre conscience de ses effets secondaires ou si ce produit est celui qui convient le mieux. La liste de ce genre de médicaments est pratiquement connue de tous. «Je connais mon mal et je sais ce qu'il faut pour le calmer», dit une jeune femme enceinte à son amie qui lui conseillait de voir un médecin, surtout à cause de sa grossesse. «Donnez-moi deux boîtes de Doliprane», commande-t-elle au vendeur d'une pharmacie à la rue Didouche-Mourad. Il s'est avéré que la cliente est une habituée des lieux. «Vous devriez réduire graduellement la dose madame, car vous risquez de devenir dépendante de ces comprimés», lui conseille-t-il. La réponse de cette dernière est plus qu'étonnante. «C'est grâce à ce médicament que j'arrive à supporter la pression du travail et celle de la famille. J'en suis déjà dépendante». En l'espace de moins d'une heure, le nombre de citoyens venus acheter des médicaments sans ordonnance dépasse de loin ceux munis d'une prescription médicale, avons-nous constaté. Et la gent féminine a constitué la majeure partie de cette clientèle. Certains viennent même décrire des symptômes demandant au pharmacien de leur proposer le médicament adéquat. Ce dernier n'hésite bien évidemment pas à leur suggérer des produits qui arrangent le mieux son business. «N'y a-t-il pas moins cher que celui-ci ? C'est juste pour une petite période… Regardez, cherchez bien….», ce sont les expressions le plus répétées par les «malades». Le constat est le même dans des pharmacies de la rue Larbi-Ben-M'hidi, Hassiba-Ben-Bouali et du Sacré-Cœur. «La quantité des médicaments vendus sans ordonnance représentent parfois le triple de ceux vendus avec ordonnance. Cela aide beaucoup notre commerce, d'autant plus que nous travaillons dans la légalité. Il y a bien évidemment certains médicaments qu'on ne vend que sur ordonnance», témoigne un employé dans une officine à la rue Hassiba-Ben-Bouali. Le comble est que les pharmacies emploient beaucoup de vendeurs qui ne comprennent presque rien dans la composante chimique des médicaments. Ce que la plupart des clients ignorent. Les anti-inflammatoires et autres antalgiques (anti-douleurs), Paracétamol et Doliprane, les antibiotiques, les sirops, aspirine, Actifed, Malox…, tout le monde connaît (ou prétend connaître) ces médicaments et dans quels cas les prendre. Voilà des citoyens qui se prennent pour des médecins et achètent des médicaments à leur guise. Pour eux, l'essentiel est de calmer la douleur pour un moment. Les effets secondaires et les implications qui pourraient se produire à cause de l'interaction des médicaments, sont carrément négligés.