Devant le phénomène de l'automédication, qui semble prendre une certaine ampleur, certains pharmaciens questionnés confirment que les clients sont de plus en plus nombreux à se présenter aux officines pour demander des médicaments sans présenter d'ordonnance. Nos interlocuteurs précisent qu'ils sont généralement servis sans problème lorsqu'il s'agit d'un remède d'usage courant, ne présentant aucun danger pour l'utilisateur. Tels que des gels, des pommades, du sirop antitussif et autres comprimés pour soulager un simple mal de tête. Quoi qu'il en soit, un pharmacien précise : « nous conseillons toujours à nos clients de consulter un médecin, mais nous refusons catégoriquement de servir des produits qui ne peuvent être livrés que sur prescription médicale. D'abord, parce que la loi nous l'interdit- nous n'avons aucun droit de nous substituer au praticien- mais aussi pour les risques qu'ils pourraient présenter pour le patient en raison des éventuels effets secondaires que seul un médecin peut prévenir après auscultation du patient… » Economiser les frais d'une visite médicale Mais, hormis les produits classés à un certain tableau et qui ne peuvent être délivrés sans avis médical, tous les autres sont distribués comme de simples produits cosmétiques aux nombreux citoyens qui estiment pouvoir se passer des conseils d'un médecin. Beaucoup se présentent à l'officine avec un emballage vide à la main en guise de modèle. C'est souvent une boîte de cachets, de sirop ou autre pommade analgésique qui ne pose pas de problème au pharmacien pour sa vente. Les raisons de cette pratique devenue relativement courante sont multiples, selon nos sources. Certains ressentent un mal urgent et cherchent à le calmer tout de suite, d'autres pour économiser les frais d'une visite médicale, qu'ils jugent souvent trop élevée… Notre interlocuteur nous confie qu'il arrive que tous les clients ne soient pas servis automatiquement. « Il arrive que lorsqu'il s'agit d'une ordonnance prescrivant un médicament à base de drogue quelconque, de regarder à deux fois avant de fournir le client. Il m'est arrivé, personnellement, de refuser en invoquant une rupture de stock, lorsque j'ai un doute. Je préfère subir un manque à gagner, mais avoir la conscience tranquille. » Un client rencontré sur place, venu acheter sans ordonnance, a déclaré qu'il ne consultait que rarement le médecin et que cela avait toujours « marché ». « Je ne vais pas aller chez le médecin pour acheter un cataplasme, d'autant que le remboursement de la visite médicale par la CNAS est de cinq ou six fois inférieur aux honoraires payés au médecin... »