Aïn Naâdja Zohra entre dans la chambre de Hafida, craque une allumette et commence à mettre le feu à la literie pour que l?incendie touche le reste des objets. Son forfait accompli, elle ira se cacher chez sa s?ur Saliha. C?est l?histoire de Zohra, 34 ans. Elle vivait avec ses sept enfants jusqu?au jour où le secret, enfoui si profondément en elle, éclate pour l?envoyer derrière les barreaux. Le mobile de son acte fatal était le rejet de la bigamie de son époux Saïd, avec lequel elle partageait le même toit. Le drame a eu lieu le 25 novembre 2002, par un lundi glacial. Elle profita de l?absence de sa rivale Hafida, qui devait quitter vers 8h le domicile, pour rejoindre sa belle-mère qui l?avait sollicitée pour l?aider à mettre en ?uvre ce qui a germé dans sa tête depuis une année voire depuis l?arrivée de cette seconde épouse. En présence de la petite Hasna, elle entre dans la chambre de Hafida, craque une allumette et commence à mettre le feu à la literie pour que l?incendie touche le reste des objets se trouvant à l?intérieur de la pièce. Son forfait accompli, elle ira se cacher chez sa s?ur Saliha. Alerté par son fils, Saïd va à la hâte sur les lieux où il trouve les éléments de la Protection civile qui ont déjà étouffé les flammes. Saïd va au siège de la sûreté de Aïn Naâdja où il dépose plainte contre sa première épouse. Le lendemain, l?incendiaire se rend à son tour aux services de la sûreté pour se constituer prisonnière, avouant son crime qu?elle qualifiera de représailles contre sa rivale, celle qui était à l?origine du conflit avec le père de ses enfants. Au cours de son interrogatoire, le 5 février 2003, Zohra argumentera son acte par le fait que son mari l?avait, depuis son alliance avec Hafida, négligée ainsi que ses enfants auxquels aucun entretien ni aide alimentaire n?étaient alloués. Les mêmes aveux sont réitérés pendant les différentes étapes de l?instruction, durant lesquelles Zohra ne cessera, à aucun moment, d?afficher sa haine à l?encontre de sa rivale. Placée sous mandat de dépôt, la coupable est présentée à la barre de la session criminelle près le tribunal d?Alger le 24 février 2004 où elle devait répondre du chef d?inculpation retenu contre elle, à savoir incendie volontaire. Questionnée par le président de la séance, l?accusée ne changera rien à ses déclarations. Elle regrettera seulement que ses enfants soient dans un semblant d?orphelinat. Le représentant du ministère public, après un long rappel des faits, explique les peines réservées à un tel délit relevant de l?acte criminel, citant l?article 395 relatif à la peine de mort. Mais compte tenu de la bonne volonté de Zohra qui s?est rendue d?elle-même aux services de sécurité et de la reconnaissance de son acte qui avait facilité le cheminement de l?enquête, il a requis la peine de six ans de prison ferme. Pour son dernier mot, Zohra dira qu?elle s?en remet à la justice en laquelle elle a confiance, en rappelant seulement qu?elle a laissé derrière elle sept enfants innocents. Après délibérations, le président fera lecture de l?enquête sociale de la victime, qui n?a aucun passé judiciaire et qui a grandi et vécu dans un environnement sans histoire. Bénéficiant ainsi de toutes les circonstances atténuantes, Zohra écopa d?une peine d?un an de prison ferme.