Crise n La grève générale contre le plan d'austérité draconien a dégénéré en violences qui ont fait au moins trois morts hier, renforçant l'inquiétude des Bourses mondiales qui chutaient sur fond de crainte d'une contagion de la crise. Le Président grec Carolos Papoulias a même averti que son pays était «au bord du gouffre» après ces violences meurtrières, survenues en marge d'une manifestation contre les mesures d'austérité, qui a rassemblé environ 30 000 personnes à Athènes selon la police, plus selon les organisateurs. «Nous avons tous la responsabilité de ne pas faire le pas de trop, qui nous précipiterait dans le vide», ajouté le chef de l'Etat. Des groupes de jeunes s'en sont pris aux forces de l'ordre et à des magasins et des banques du centre-ville. Un immeuble abritant une agence bancaire a été incendié à coups de cocktails Molotov, coinçant une vingtaine de personnes à l'intérieur. Au moins trois d'entre elles, deux femmes et un homme, ont péri dans les flammes. Deux bâtiments administratifs du centre d'Athènes ont également été incendiés et des incidents ont aussi eu lieu à Salonique (nord), deuxième ville du pays, où 20 000 personnes ont défilé. «Ce n'est que le début d'une grande guerre», lançait une manifestante, bandeau rouge autour de la tête. «Le gouvernement ne va pas reculer avec une seule journée de grève», a renchéri un comptable dans la Fonction publique. Le Premier ministre Georges Papandréou a dénoncé un «brutal acte meurtrier», défendant une fois de plus les «décisions difficiles et responsables» prises «pour sauver le pays». Les manifestations visaient à dénoncer le train de mesures, notamment la baisse des salaires et retraites, et la hausse des taxes, adopté par le gouvernement socialiste pour obtenir 110 milliards d'aide des seize pays de la zone euro (80 milliards) et du FMI (30 milliards) afin de sauver de la faillite le pays étranglé par une dette colossale. Les députés belges ont, à cet égard, adopté hier un projet de loi qui autorise la Belgique à prendre part au plan européen d'aide à la Grèce, en prêtant environ un milliard d'euros la première année. La situation grecque est surveillée de très près car nombre d'autres pays, notamment dans la zone euro, ont laissé filer les déficits publics depuis 2008 pour faire face à la crise économique mondiale. Les conséquences possibles des violences sur le plan de rigueur et la crainte persistante d'une contagion à d'autres pays européens plombaient toujours les places financières, d'autant que l'agence de notation Moody's a annoncé, hier, qu'elle envisageait d'abaisser la note du Portugal. La Bourse d'Athènes a plongé de 3,91%, celle de Madrid de 2,27%, Londres (-1,28%), Paris (-1,44%) ou Francfort (-0,81%) ont fait pâle figure, entraînant Wall Street qui a ouvert en baisse. L'euro, lui, poursuivait sa descente aux enfers, sous les 1,29 pour un dollar, au plus bas depuis mars 2009. Face à la tornade financière, de nombreuses voix ont appelé à davantage de discipline dans les pays de la zone euro. R. I. / Agences