InfoSoir : Avons-nous une production nationale ? Mme Radia Benabderahmane : Oui. Certains secteurs, même s?ils ne sont pas nombreux, rivalisent, aujourd?hui, avec les produits étrangers. A titre d?exemple, ceux des boissons, des produits laitiers, de l?emballage, de l?électronique et l?électroménager, la fabrication des serviettes hygiéniques et les serviettes de table? Généralement, ce sont des domaines qui concernent la large consommation, et qui ont su conquérir le goût de l?Algérien, par leur prix et leur qualité. Comment pouvez-vous expliquer le retard qu?enregistre notre production nationale ? Notre environnement économique est plus favorable à l?importation qu?à la production, il est moins cher d?importer que de produire. C?est pour cela qu?il est impératif de mettre à niveau l?administration, celle-ci ignore tout sur le monde de l?entreprise, et ne fonctionne pas au même rythme. Actuellement, le chef d?entreprise doit courir d?un bureau à un autre pour retirer des papiers, il affronte les lenteurs des procédures et les réflexes de frilosité dans la prise de décision, ce qui est rebutant. En Tunisie, par exemple, le délai de réalisation est de deux mois, chez nous, c?est 24 mois. Ce qui est énorme. Et puis, les gens méconnaissent que durant cette longue période, le chef d?entreprise débourse de l?argent sans toutefois commencer à produire (terrain, local, secrétaire?). Pour s?installer, il lui faut un minimum de moyens et de personnel, dont il assume les frais durant deux ans sans bénéficier d?aucune entrée. Plus le délai de réalisation est long, plus les charges sont conséquentes. Est-ce un problème de lois ? Non. Ce n?est pas un problème de lois puisque la réglementation existe. Mais c?est leur application qui fait défaut. Il y a des activités de service qui n?ont pas encore vu le jour, et auxquelles le patron peut confier sereinement son dossier ficelé d?investissement.