Constat n les Algériens se marient de moins en moins et à un âgé avancé. Hommes et femmes hésitent longtemps avant de prendre la décision d'en finir avec le célibat. L'absence de lieux de convivialité favorisant les rencontres et l'échange, la peur de l'avenir et l'évolution des mentalités vers l'individualisme, constituent les principaux facteurs de la «crise» du mariage dans notre pays. C'est ce qui ressort des études spécialisées, présentées hier lors d'un séminaire organisé par la faculté de la charia de l'université Emir-Abdelkader (Constantine) autour des «causes retardant l'âge du mariage en Algérie». Selon une communication présentée par l'universitaire Férial Abbas, chercheuse à l'antenne constantinoise du Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC), portant sur une étude de terrain menée dans plusieurs communes de cette wilaya sur les causes du célibat des femmes, la peur de l'échec constitue l'une des principales raisons du retard de l'âge de mariage. La chercheuse a estimé, dans son analyse des données récoltées par son étude, que les femmes et les jeunes de manière générale, «ne remettent pas en question le mariage, bien au contraire, elles lui attachent une importance telle qu'elles en font le projet de leur vie et, par conséquent, ont peur de l'échec et sont très précautionneuses sur le choix du futur conjoint». C'est cette importance «exagérée» qui rend la prise de décision trop difficile et, ainsi, prolonge l'attente et retarde l'âge de mariage. Il faut dire également que le nombre sans cesse croissant de divorces représente un facteur des plus dissuasifs, d'autant que la femme divorcée est «mal vue» dans la société. En 2009, pas moins de 41 549 cas de divorces ont été enregistrés, selon les statistiques officielles. Les Algériens se marient de plus en plus à un âge tardif. Le dernier rapport de l'Office national des statistiques (ONS) révèle que l'âge moyen au premier mariage en Algérie est de 33 ans pour l'homme contre 29,3 ans pour la femme en 2008 alors qu'il était de 31,3 ans pour les hommes et 27,6 ans pour les femmes en 1998. Les spécialistes estiment que cette «tendance haussière» risque de s'aggraver dans les années à venir. «Les femmes aujourd'hui ne veulent plus subir le mariage selon les formules traditionnelles du mariage arrangé», mais leurs ambitions se heurtent, a confié la même chercheuse, à «l'absence de lieux de convivialité respectables», favorisant «la rencontre et l'échange social sain et fructueux». Les annonces matrimoniales des journaux sont, selon elle, boudées par les femmes «sérieuses» qui les ont classées comme «le dernier recours de ceux qui ont été incapables de se marier normalement», tandis que les rencontres sur Internet sont «truffées de tricheries», quoique certaines femmes «branchées» commencent à explorer cette voie, a-t-elle ajouté. Le Dr Sabah Ayachi, de l'université de Bouzaréah (Alger), a également estimé que le changement des normes et des valeurs sociales, se traduisant notamment par l'émergence de l'individualisme et la perte de confiance dans l'autre, constituent la première cause du recul de l'âge du mariage en Algérie, à côté de bon nombre d'autres facteurs. Ahmed H. / APS