Publication n Le Temps d'une enfance… Nous étions adolescents, délinquants et patriotes durant… La guerre d'Algérie est un livre écrit par Abdelkader Maïdi et paru aux éditions Mille Feuilles. Dans ce livre, l'auteur revient sur son enfance, sur une période, celle de la Révolution, et concerne une frange de la société algérienne, dite autochtone. S'exprimant sur ce livre, l'auteur, Abdelkader Maïdi dira : «C'est un livre que j'ai écrit en fonction des événements qui se sont passés durant la Révolution, nous étions des petits jeunes, des adolescents. Ce sont des événements que nous avons vécus et que j'ai rapportés sans la moindre spéculation ni aucun rajout.» Ainsi, l'histoire racontée n'est pas fortuite ou une fiction. Elle a été réellement vécue – ou ressentie. L'auteur précise, en outre, que ce livre est un témoignage poignant, non exhaustif. «Je veux à travers ce récit, souligne l'auteur, donner un autre regard – un avis – sur une facette de notre histoire.» Interrogé sur la raison l'ayant motivé à rédiger ce récit, l'auteur répondra : «Nous avons besoin de (différents) témoignages vécus pendant la guerre d'Algérie. Car c'est notre histoire. C'est notre mémoire.» Abdelkader Maïdi déplore alors l'absence d'une politique visant à recueillir les différents témoignages sur la révolution. «Ce qui manque, relève-t-il, c'est un pôle historique où tout un chacun peut apporter un témoignage sur la Guerre de Libération nationale», ajoutant : «Il faut créer une institution spécialisée dans la collecte de témoignages sur la Révolution, et nous en avons besoin, la jeunesse en a besoin. Elle a besoin de savoir, ce sont des repères.» Interrogé ensuite sur l'inexistence d'un pareil pôle, l'auteur soulignera : «A mon avis, les gens n'osent pas. Il y a un conflit d'intérêts, et certaines gens ne veulent pas, au moment présent, que l'histoire de l'Algérie s'écrive de façon logique (et sereine).» Abdelkader Maïdi illustre cet état de fait par la parution du livre sur le colonel Amirouche, écrit récemment par Saïd Sadi. «Il y a une levée de boucliers sur le livre concernant Amirouche», dit-il, «Sadi écrit ce qu'il veut du moment qu'il va apporter un plus à cette histoire. Au contraire, il faut avoir un témoignage en plus.» Ainsi, l'auteur regrette : «Nous avons l'impression de vivre quelque chose qui n'est pas censé donner au peuple un témoignage correct et sérieux sur notre histoire.» Selon lui, «chacun est en train de spécifier sa propre histoire, de donner sa propre version». «Il y a une espèce de parti pris», déplore-t-il, et d'expliquer : «On trouve le nom d'un chahid un peu partout, alors qu'un autre aucune rue, aucune place publique ou aucun établissement ne porte son nom. Il faut laisser un témoignage sans parti pris.» Cela revient d'emblée à dire qu'il y a de la spéculation dans l'écriture de l'histoire : «elle a été manipulée, instrumentalisée, remaniée», indique-t-il, et de rétorquer : «Certains ont, à leur façon, donné un plus à cette histoire, alors qu'il ne fallait pas le faire : l'histoire doit être rapportée telle quelle.» Toutefois, Abdelkader Maïdi se réjouit que des maisons d'édition consacrent dans leur champ éditorial, un volet à l'histoire de l'Algérie.«Il y a en effet – et fort heureusement – des maisons d'édition qui se soucient de publier des livres sur l'histoire de l'Algérie, et notamment sur la Révolution», se félicite l'auteur, et de répliquer : «La raison, c'est que certains témoins de la guerre d'Algérie ont pris de l'âge, alors ils ne veulent pas partir sans rien laisser, sans laisser un témoignage écrit sur ce qu'ils ont vécu pendant la Guerre de Libération nationale.» C'est donc par devoir de mémoire qu'on assiste aujourd'hui à la parution d'une multitude d'ouvrages sur l'histoire contemporaine de l'Algérie. Yacine Idjer