Adoption Le Sénat, chambre haute du Parlement français, a adopté, hier soir, en première lecture, par 276 voix contre 20, le projet de loi prohibant le port «ostensible» de signes religieux à l'école publique déjà adopté par les députés. Le texte a été voté par les sénateurs dans les mêmes termes que les députés à l'Assemblée nationale le 10 février et son adoption est donc définitive. Il s'appliquera dès la prochaine rentrée scolaire, en septembre 2004. A une très large majorité, les députés de l'Union pour la majorité présidentielle (UMP), ont voté en faveur de la loi, de même que les députés socialistes. Avant le vote, le ministre de l'Education nationale Luc Ferry s'est félicité de «la qualité exceptionnelle des débats qui ont eu lieu sur tous les bancs». «Par-delà des divergences parfaitement légitimes, ce qui nous rassemble est infiniment plus important que ce qui nous sépare», a-t-il commenté. Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin était venu en début de soirée clore la discussion générale, réaffirmant qu'il ne s'agissait pas de s'en prendre aux religions mais d'«envoyer un signal fort et rapide». «Notre vision de la laïcité n'est pas contre les religions. Chacun a droit à l'expression de sa foi, à condition qu'à l'intérieur de l'école de la République, il respecte les lois de la République», a-t-il déclaré. «Nous n'avons ni le sentiment ni la prétention de croire que tout est réglé par ce texte», a-t-il ajouté, assurant à l'adresse des partisans d'un grand texte sur la laïcité : «Le travail va continuer.» Beaucoup de sénateurs se sont interrogés sur l'utilité, voire l'efficacité d'une loi pour réaffirmer le principe de laïcité. Le sénateur communiste de La Réunion, Paul Vergès, a aussi mis en garde contre un texte qui «assimile sans nuance l'outre-mer à la métropole» et fait courir «le risque absurde de créer des tensions là où il n'en existe pas». Il a défendu la «manière réunionnaise de vivre la laïcité» qui démontre, selon lui, que peut être accueillie «sereinement l'expression des différentes religions». Luc Ferry a assuré les parlementaires d'outre-mer que la loi serait appliquée «avec souplesse et intelligence». Le projet de loi, qui interdit notamment le port du hidjab dans les écoles, avait soulevé de nombreuses protestations dans le monde, en particulier dans les pays musulmans.