Détresse n Ces familles ont été jetées à la rue après la démolition de leurs habitations dans une opération intervenue suite à la décision de la wilaya de réaliser un projet dans ce quartier. «Ils ont procédé à un recensement des familles qui y résident, au nombre de 1 400. Ensuite, ils ont démoli toutes les habitations en l'espace de quatre jours et nous ont jetés à la rue. Ceux qui ont reçu des convocations pour le relogement se sont déjà installés au niveau de la nouvelle ville. En tout, 700 familles ont bénéficié de cette opération de relogement», nous a confié Charif dont l'habitation a été démolie. «On dort à même le sol, sur les trottoirs, sur des cartons, dans les voitures… Cela fait plus de dix jours que nous sommes dans cette situation. Et, à chaque fois que les services de sécurité débarquent, ils nous disent : interdit de se rassembler. Et on dresse un PV, à qui n'obtempère pas», nous dit encore ce père de famille, qui s'est présenté hier à notre rédaction en compagnie de quatre autres habitants du quartier. Ils affirment que les autorités ont remis les convocations «presque en catimini et de manière anarchique. Elles ont été remises le soir par des agents de la commune». Selon nos interlocuteurs, les autorités locales leur ont demandé de patienter car d'autres convocations seront remises prochainement aux autres habitants. «Nous avons attendu, mais nous n'avons reçu aucune convocation», ont-ils fait savoir. «Nous avons réclamé auprès des autorités et on nous a demandé de faire un recours, et c'est ce que nous avons fait, mais nous n'avons toujours pas eu de réponse. A chaque fois qu'on essaie de mettre une certaine pression, on appelle un de nos voisins, on se dit alors que ce serait bientôt notre tour, mais malheureusement ça n'a pas été le cas et nous nous sommes retrouvés dans la rue.» Notre interlocuteur nous a expliqué qu'aucun responsable n'a accepté de les recevoir. «Nous n'avons aucune solution : si on se présente au siège de la wilaya, on ne nous laisse pas entrer, on nous tabasse et on nous insulte. Le chef de la daïra nous dit qu'il n'est pas concerné. Il n'y a donc aucun responsable qui a voulu nous écouter», déplorent encore ces Constantinois qui sont devenus amers : «On dirait que nous sommes des étrangers, et que nous ne sommes pas dans notre pays. Nous demandons un droit, rien de plus. Nous voulons un logement pour nos enfants. Nous sommes venus aujourd'hui à Alger dans l'espoir de rencontrer un responsable. Mon mari est handicapé, et j'ai quatre enfants. J'ai déjà fait une grève de la faim et j'ai failli mourir», nous dit pour sa part Melouka, des larmes plein les yeux.