Enfin, le foot va marquer une halte après dix-huit jours sans relâche durant cette Coupe du monde, puisque aujourd'hui et demain ce sera repos pour tous avant de reprendre, ce week-end, avec la dernière ligne droite et des quarts de finale qui s'annoncent somptueux. Des affiches qui feront retenir son souffle à toute la planète, à commencer par les huit nations qui animeront ce show sous le grand chapiteau sud-africain où, pour la première fois dans l'histoire de la Coupe du monde, le nombre d'équipes sud-américaines (quatre), est supérieur à celui de l'Europe (trois), depuis l'instauration du système des quarts lors du Mondial suisse de 1954. Le rapport s'est complètement inversé alors qu'il était de tout temps favorable aux représentants du Vieux Continent qui étaient à chaque fois plus nombreux, comme lors de la précédente édition en Allemagne où il y avait six équipes européennes pour deux sud-américaines et ainsi pour les éditions précédentes. Mieux encore, c'est la première fois que parmi les quatre-finalistes l'on se retrouve avec quatre anciens vainqueurs dont trois sud-américains, en l'occurrence le Brésil qui sera opposé aux Pays-Bas, l'Uruguay qui affrontera le Ghana, l'Argentine qui croisera le fer avec l'Allemagne et le nouveau venu, le Paraguay, qui défiera l'Espagne. Si les Auriverde sont des habitués, avec le record de participations (19) et de sacres (5), que les Argentins et que les Uruguayens courent derrière un troisième trophée, les Paraguayens, les «Albirojos» comme on les appelle, ont fêté hier leur quatrième participation de rang (la huitième) en Coupe du monde par une qualification historique en quart de finale qui a fait sortir le peuple de ce petit pays, enclavé d'Amérique du Sud, dans la rue. Même son président, Fernando Lugo, qui a revêtu le maillot rouge et blanc, s'est mis de la partie en annonçant l'après-midi fériée pour le peuple paraguayen. De plus, jamais une Coupe du monde disputée hors de l'Europe n'a échappé à une équipe sud-américaine, en sera-t-il autrement pour 2010 ? Même si mathématiquement les quatre sélections toujours en lice peuvent quitter la compétition dès ce tour vu qu'elles sont opposées à des équipes d'autres continents, en tous les cas, leurs tâches ne seront pas du tout faciles devant une Allemagne qui carbure à plein régime, des Pays-Bas qui n'ont fait aucun faux pas, une Espagne qui monte en puissance et un Ghana qui veut créer la sensation en étant la première nation africaine à accéder au dernier carré. Ce qui est certain, c'est qu'à la veille de ces quarts, les autres continents font pâle figure devant une Amérique latine conquérante, joueuse, dominatrice, généreuse, pétrie de qualités et porteuse de fraîcheur technique. D'ailleurs, le bilan des quatre mousquetaires est impressionnant : 11 victoires, dont 4 pour l'Argentine qui réalise jusqu'ici le grand chelem, 27 buts marqués et seulement 5 buts encaissés pour aucune défaite. Qui dit mieux ! Comment expliquer une telle domination ? «Notre phase de qualification est beaucoup plus compétitive qu'en Europe», explique Diego Maradona, dont l'équipe a été impressionnante. «Nous, nous ne jouons pas contre des équipes comme les îles Féroé. L'Amérique du Sud a envoyé ici des équipes à la hauteur de l'événement et qui sont disposées à tout donner sur le terrain». Son homologue uruguayen, Oscar Tabarez, enchaîne : «Il s'agit de bonnes équipes, elles l'ont démontré lors des qualifications.» L'explication se situerait donc en amont de la Coupe du monde et elle est objective dans la mesure où les éliminatoires se déroulent sous la forme d'un grand, long et intense (quand vous jouez la Bolivie en altitude, c'est une sacrée torture) championnat avec dix-huit rencontres pour chaque équipe, contre dix en moyenne pour une sélection européenne ; sans oublier que les quatre premières nations qualifiées doivent s'extirper dans la difficulté parmi des nations réputées difficiles à manier, alors que le cinquième doit passer par les barrages face au quatrième de la zone Concacaf. Toute la différence est là. Et forza Latina.