Evénement Un fait divers qui a jeté la Belgique dans une crise sans précédent, un tueur hors norme, incroyable manipulateur... Tout est démesuré dans cette affaire. Au terme de huit ans d'une instruction agrémentée d'innombrables révélations sur les carences des systèmes policier et judiciaire belges et même d'une brève évasion de l'ennemi public n°1, c'est l'heure. Le procès de Marc Dutroux, 47 ans, qui s'est ouvert le 1er mars dernier devant la cour d'assises d'Arlon, a tenu du Barnum médiatique autant que de la séance d'exorcisme. Le défilé attendu de 450 témoins et la ribambelle de chefs d'accusation imputés au «monstre de Charleroi» ? enlèvements, séquestrations, viols, assassinats, association de malfaiteurs et, accessoirement, vol et trafic de drogue ? donnent un aperçu de la démesure de ce fait divers qui a dégénéré en crise de société. L'honneur de la Belgique est entre les mains des jurés. «Ils auront besoin de sérénité et peut-être même de solitude pour arbitrer une affaire qui a ébranlé en profondeur la nation», a souligné la ministre belge de la Justice, Laurette Onkelinx. Une affaire qui, aux pires heures d'un éprouvant colin-maillard judiciaire, fit descendre 300 000 personnes dans les rues de Bruxelles pour une «marche blanche» aux allures de soulèvement populaire. Une affaire qui poussa le roi Albert II à sortir de son palais et de son mutisme pour affirmer, de façon solennelle, son soutien aux parents des victimes disparues. Aujourd'hui encore, il n'y en a qu'un pour ne pas vaciller devant l'imminence du grand déballage : Marc Dutroux lui-même. Dans ce procès placé sous haute sécurité, l'accusé a fermement rejeté l'idée de porter une cagoule durant ses transferts entre la prison et la cour d'assises d'Arlon. «Ce serait une façon de me diaboliser», a-t-il tranché sans s'émouvoir. L'homme le plus détesté de Belgique n'est pas du genre à endosser la panoplie de victimes expiatoires. - Comment les autorités du royaume, alors que les disparitions de jeunes filles se multiplient, ont-elles pu classer sans suite la lettre que la mère de Marc Dutroux leur adresse, le 4 septembre 1995 ? Jeanine y raconte le séjour de deux adolescentes dans une maison louée par son fils, dont elle rappelle au passage les antécédents.