Sacre n La 19e Coupe du monde tient enfin le couple qui animera la finale, prévue ce dimanche au Soccer City de Johannesburg, en l'occurrence : les Pays-Bas et l'Espagne. Une finale à 100% européenne, une première dans l'histoire de la Coupe du monde qui n'a jamais consacré une nation du Vieux Continent hors de ses terres. Une entorse aux statistiques et aux prévisions, alors que de nombreux experts dissertaient sur les vertus du football sud-américain, auteur d'un passage en force au second tour. Mais dès les quarts, l'Europe réplique de façon cinglante remettant de l'ordre dans la compétition, renvoyant deux grands favoris, le Brésil et l'Argentine, à la maison, têtes basses et sans surprises. En effet, depuis 1982 la tendance est respectée : l'Europe a gagné 25 fois des places en demi-finales sur les 32 offertes, alors que seuls le Brésil (3 fois), l'Argentine (2 fois), la Corée du Sud (1 fois) et l'Uruguay (1 fois) ont réussi une incursion. L'Europe domine largement, compte tenu de son hégémonie sur le football mondial, que ce soit en quantité (53 pays) ou en qualité (le niveau et la richesse de ces principaux championnats). L'autre entorse à l'histoire et aux statistiques de cette Coupe du monde qu'abrite la terre d'Afrique depuis presque un mois, c'est que la finale sera inédite puisqu'elle mettra aux prises deux sélections qui n'ont jamais gagné le trophée ; ce qui, en même temps, n'est pas vraiment une grande surprise compte tenu des forces en présence. L'Espagne n'est autre que le second au classement FIFA, alors que les Pays-Bas sont quatrièmes. Les Ibères n'ont perdu qu'à deux reprises depuis trois ans : face aux Etats-Unis, il y a une année lors de la Coupe des confédérations, et lors du premier match de ce Mondial contre la Suisse. Les Bataves, eux, n'ont connu qu'une seule déconvenue depuis 2008 et l'arrivée de Bert Van Marwijk, soit face à l'Australie (1 à 2) en vingt-six rencontres, contre dix-neuf victoires. Hier, l'Allemagne, qui était à sa douzième demi-finale, a vu sa machine soudainement s'enrayer devant plus fort, comme l'avait prévu le fameux Paul le Poulpe devenu célèbre lors de ce Mondial, et reconnu le sélectionneur Joachim Löw quand il déclare que son équipe était méconnaissable face à «la meilleure sélection depuis deux ans». La revanche de l'Euro-2008 n'a pas eu lieu pour la Nationnalmanschaft, impressionnante jusqu'à cette demi-finale face à une sorte de réplique du FC Barcelone, tout en vitesse, en force et en maîtrise du ballon. D'ailleurs, dès le coup d'envoi, la bande à Del Bosque a pris le jeu en main, confisquant pratiquement la balle et l'espace à leurs adversaires qui ont dû attendre plus d'une heure pour s'offrir leur première véritable occasion de but par le jeune remplaçant Kroos. La formation la plus offensive du tournoi, avec treize buts en cinq matchs, est restée muette hier face à une équipe qui est montée en puissance depuis son faux pas d'entrée face à la Suisse. Venus pour aller le plus loin possible, les Espagnols ont ménagé leur monture comme on dit en donnant l'impression de ne pas trop forcer, laissant leur maîtrise collective faire la différence à chaque fois. Miroslav Klose, qui a rejoint le nombre de buts marqués en phases finales de son compatriote Gerd Müeller (14), n'égalera pas non plus le record du Brésilien Ronaldo qui conserve une longueur d'avance. Quant à l'Espagne, elle a prouvé que même si son buteur, David Villa (cinq sur les six buts marqués), n'est pas au rendez-vous, c'est un défenseur, le capitaine Puyol, qui peut offrir la victoire au nom d'un collectif qui a su hisser son niveau de jeu pour se retrouver en finale. Un stade que les Espagnols, champions d'Europe en titre, atteignent pour la première fois de leur histoire et où ils auront à tester leur supériorité face à une «Oranje Mécanique» qui a su maîtriser son parcours, avec technique et solidité, parfois avec un peu de chance. Les descendants des inventeurs du football total auront la lourde mission d'effacer deux finales perdues (1974 et 1978) en se mesurant au meilleur du moment. Mais en attendant, tous les regards se tournent une dernière fois vers Paul le Poulpe, cet animal parieur hors pair, avant qu'il ne rejoigne son milieu marin comme l'ont souhaité les naturalistes espagnols. Est-ce déjà un signe ? Rendez-vous dimanche au Soccer City de Johannesburg.