Constat n Bien que le taux des femmes enceintes prises en charge dans nos hôpitaux soit satisfaisant (plus de 80%), la qualité de leur suivi, pendant et après l'accouchement, laisse à désirer, et ce, faute de moyens nécessaires à cette opération. S'exprimant, hier, en marge du forum d'El Moudjahid, Mme Benkhoudja Kissous, professeur en gynécologie, estime que la prise en charge «effective» des femmes enceintes manque énormément au sein des services de maternité de nos hôpitaux. Ce qui explique, d'après elle, l'augmentation de la mortalité, autant pour les mères en état de grossesse que pour leurs bébés. Selon les estimations avancées par Mme Nassira Keddad, directrice de la population au ministère de la Santé, 700 femmes enceintes décèdent sur 800 000 qui suivent l'opération de l'accouchement. Quant au taux de mortalité chez les nouveau-nés, la même intervenante fera savoir que 24 bébés décèdent sur 100 000 nouveau-nés. Certes il y a eu une nette amélioration par rapport aux années précédentes, mais ce chiffre «devrait être bien inférieur», estime le Pr Benkhoudja. A propos des insuffisances constatées dans les services de maternité du secteur public, notre interlocutrice dira que la prise en charge de l'accouchement est devenue beaucoup plus difficile. «Le secteur public est surchargé et les services de maternité que ce soit dans les grandes villes ou à l'intérieur du pays sont les services où le taux d'occupation d'espace est supérieur à 100%», indique-t-elle. Ce qui oblige, poursuit-elle, les responsables de ces services à mettre parfois deux femmes par lit ou carrément des matelas par terre. Une telle situation, dira-t-elle, pourrait mettre la vie de la maman et celle de son bébé en danger. Concernant la prise en charge du nouveau-né, le Pr Benkhoudja estime que beaucoup d'insuffisances sont également à signaler, notamment, en matière de réanimation. «Nous manquons de spécialistes en néonatologie et le matériel qui assure le support de cette prise en charge», relève-t-elle en indiquant que la moitié du total de la mortalité globale des nouveau-nés intervient pendant la première semaine de naissance. Après l'accouchement, les conditions ne sont pas meilleures puisque les mamans, remarque-t-elle, souffrent de manque de prise en charge en termes des différents examens cliniques complémentaires réguliers tels que les analyses et les échographies. «Il faut savoir que les risques de mortalité maternelle durent jusqu'au 40e jour, puisque les 40 jours qui suivent l'accouchement restent une période dangereuse à la fois pour la maman et pour le nouveau-né», rappelle-t-elle. Par ailleurs, le Pr Benkhoudja estime que la prise en charge de la sécurité sociale ne doit pas se limiter au constat de la grossesse, mais aussi après l'accouchement et lors des différents examens médicaux.