Quelque chose ne va pas dans les services de néonatologie en Algérie. «15000 nouveau-nés meurent chaque année» a affirmé hier le professeur Djamil Lebane, chef de service de néonatologie au CHU Mustapha- Bacha (Alger). S'exprimant au Centre de presse d'El Moudjahid, le conférencier a mis en exergue le programme national de périnatalité et de néonatologie et les résultats enregistrés. Doté d'une enveloppe de 2,7 milliards de dinars, le programme en question s'étalant jusqu'à 2009, vise à l'amélioration de la prise en charge de la femme enceinte et du nouveau-né. «Un programme décidé sur la base d'un constat qui ressort des lacunes au plan des moyens, tant humains que matériels» a souligné l'intervenant. «En effet, il existe seulement deux structures de néonatologie au niveau national (Constantine et Alger) en attendant celle de l'hôpital Parnet (Hussein Dey-Alger)» a fait savoir M.Lebane, ajoutant: «Outre le manque de formation du personnel spécialisé, 50% des services pédiatriques sont gérés par des généralistes alors que 52% ne disposent pas de couveuses». Le décret sus-cité vise à réguler les conditions d'exercice et de réorganisation des conditions de néonatologie et des structures de repérage des grossesses à risque. Il tient aussi à un suivi des naissances difficiles. Le texte propose, à cet effet, le regroupement des établissements de soins autour d'un réseau et le placement des unités de néonatologie sous l'autorité des pédiatres. Il a pour objet la réduction du taux de mortalité maternelle et du nouveau-né, sachant que 99,5 des décès maternels sur 100.000 nouveau-nés vivants et 30,4 décès sur 100.000 nouveau-nés sont enregistrés en moyenne chaque année. L'intervenant a rappelé, dans ce sens, la nécessité de promouvoir la santé de la mère et de l'enfant pour réduire le taux de mortalité qui est beaucoup plus important en comparaison avec le taux de mortalité dans les pays développés. En effet, les chiffres présentés hier par le professeur Lebane, chargé du dossier, sont alarmants: un taux de mortalité maternelle de 96,8 pour 100.000 naissances vivantes, soit une moyenne de 650 femmes décédées chaque année à la suite des complications survenues au cours de la grossesse ou lors de l'accouchement, et une mortalité infantile de 15.000 nouveau-nés. Pis encore, selon les chiffres communiqués hier, pour l'année 2006, 32% de bébés sont morts à la naissance faute de prise en charge adéquate. Pour l'année 2007, le ministère de la Santé a avancé le chiffre de 24,7% de mortalité infantile Les spécialistes de la santé qui ne veulent plus se soumettre à la fatalité, signalent que les décès périnatals et néonatals résultent principalement de grossesses non ou mal suivies et d'accouchements pratiqués dans des mauvaises conditions. Sans oublier les femmes présentant des grossesses à haut risque, arrivant des wilayas de l'intérieur, et qui décèdent en route, au cours de leur transfert. Il a été mentionné que pour l'année 2007, une somme de 1,44 milliard de dinars a servi à la mise en conformité de 48 secteurs sanitaires (soins intensifs). Pour l'année 2008, un montant de 400 millions de dinars sera consacré à la mise en conformité des 185 unités de soins généraux.