Le Pr Lebane plaide pour l'organisation d'assises nationales de la naissance. Selon les statistiques exposées hier par le professeur Djamil Lebane, chef de service à l'hôpital Mustapha-Bacha d'Alger, le taux de mortalité maternelle est de 89 pour 1000 naissances vivantes. 700 femmes décèdent chaque année des suites de complications survenues en cours de grossesse, ou lors de l'accouchement. Cependant, le conférencier relève une baisse du taux de mortalité infantile de 34,7% en 2002 à 25,5% en 2008. L'objectif fixé par le programme sus-cité est de réduire ce taux à 13,6% en 2015. La prématurité représente 10% des naissances vivantes. Il est noté également que le nombre des naissances estimé à 833.000, dont 817.000 vivantes, a augmenté de 33% entre 2000 et 2008. Invité au forum d'El Moudjahid pour débattre du thème de «La femme et l'enfant», le Pr Lebane a relevé un autre problème relatif à la surcharge des hôpitaux. Il déplore, à ce propos, le fait que des accouchements normaux sont assurés au niveau des hôpitaux et des grands centres hospitaliers alors qu'ils devraient être pris en charge au niveau des centres de proximité, soulevant ainsi le problème du manque de places dans les CHU. A son avis, cela est dû au manque de communication et d'information. «Les CHU sont submergés par les grossesses normales. C'est un problème de distribution et la population est très mal informée», a-t-il soutenu L'insuffisance de formation en néonatalogie a été relevée hier par le même spécialiste qui a beaucoup insisté sur cet aspect. «Nous devons aller vers une formation de qualité dans ce domaine car le personnel de la santé n'y est pas encore adapté», souligne-t-il, estimant dans ce sens, que l'enjeu de la politique périnatale est mal compris. Cela, même si, dit-il, la dynamique de l'application du programme national de périnatalité et de néonatologie est aujourd'hui instaurée. Ce programme, note-t-on, vise à améliorer la sécurité de la mère et de l'enfant lors de l'accouchement et à assurer des soins de qualité aux nouveau-nés. Sa réussite passe justement par la formation, indique encore l'invité du forum d'El Moudjahid. Le spécialiste souligne ainsi la nécessité de développer ce volet et surtout de revoir le profil de la sage-femme, d'autant plus que les chiffres actuels concernant le taux de mortalité maternelle sont effrayants. En outre, le Pr Lebane a abordé le chapitre des unités Kangourou consistant à renforcer le lien mère-enfant. Cette méthode de soins, dit-il, a réduit considérablement le taux de mortalité infantile et a prouvé son efficacité au sein de son service. Chiffres à l'appui, il affirme qu'entre avril 2004 et mai 2009, cette méthode a permis la naissance de 550 bébés de petits poids sans enregistrer de décès et ne souffrant d'aucune infection nosocomiale. Enfin, le Pr Lebane plaide pour l'amélioration de la sécurité mère-enfant, pendant la grossesse et pendant l'accouchement et appelle à l'organisation d'assises nationales de la naissance regroupant tous les acteurs pour évaluer ce qui a été déjà réalisé en la matière et corriger les lacunes constatées.