Il est déconseillé d'inoculer le vaccin contre la grippe A avec adjuvant aux femmes enceintes, notamment durant le premier trimestre, a confirmé, hier au Forum d'El Moudjahid, un expert de l'OMS. Pourtant, l'Algérie n'a acheté que des doses avec adjuvant. Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a changé ses priorités en matière de vaccination contre la grippe A/H1N1. Il a placé, en effet, il y a à peine quelques jours, les femmes enceintes en deuxième position, juste après le personnel médical et paramédical et avant les éléments des corps constitués. Cette décision se justifie par le nombre croissant de femmes enceintes affectées par le virus H1N1 et surtout par le nombre important de mortalité dans cette catégorie de personnes à risque. Au moins une trentaine de femmes, portant un bébé, ont été contaminées par le virus en un temps très court (moins d'un moins). Plusieurs d'entre elles sont décédées des complications du syndrome grippal. Lors du point de presse qu'il a animé, la semaine dernière, le directeur de la prévention au département de tutelle a déploré la perte non pas d'une vie, mais de deux à chaque décès d'une femme enceinte, en faisant référence au fœtus perdu irrémédiablement en mêma temps que celle qui le portait. Il est connu que pendant la grossesse, le système immunitaire de la femme s'affaiblit considérablement, la rendant particulièrement vulnérable aux infections virales de toutes sortes. Si la majorité de ces maladies mettent en danger la vie du fœtus ou l'exposent à des malformations diverses, elles peuvent aussi être fatales pour la mère. C'est particulièrement le cas de la grippe A/H1N1, qui menace essentiellement les femmes qui sont au second ou troisième trimestre de leur grossesse. Au-delà du fait que la campagne de vaccination n'a pas encore démarré, plus de quinze jours après la réception du premier lot de doses de vaccins, pour des raisons qui ne seront probablement jamais connues et reconnues officiellement, elle interviendra trop tard pour beaucoup de femmes qui arriveront à leur terme dans quelques jours ou quelques semaines. Il faudra, pour l'information, attendre trois semaines pour que le vaccin immunise réellement le corps contre l'infection virale de laquelle il est censé le protéger. À ces femmes alors de prier pour que leur chemin ne croise pas, avant l'accouchement, celui d'une personne porteuse du virus H1N1. Autrement, hier au Forum d'El-Moudjahid, Yahia Makki, virologue expert de l'OMS, exerçant aussi à l'hôpital Claude-Bernard de Lyon, a confirmé qu'il “est préférable de vacciner les femmes enceintes, contre la grippe A, avec des vaccins sans adjuvant”. Il a ajouté que dans le pays où ce produit n'existe pas, “il est possible de les vacciner avec des doses comportant des adjuvants, mais à partir du 2e trimestre”. Il a expliqué que le vaccin en question n'a pas été assez bien testé sur les femmes enceintes durant la phase de la formation embryonnaire, c'est-à-dire les trois premiers mois de la grossesse. Il se trouve justement que l'Algérie n'a pas commandé de doses de vaccins contre le virus H1N1 sans adjuvant pour cette catégorie de personnes à risque mais aussi les enfants au bas âge et les bébés âgés de moins de six mois. Le risque de contamination n'est pas écarté, non plus, dans les maternités des hôpitaux publiques, où les accouchées sont mises à deux et même à trois dans un seul lit, par manque de places. Aucun dispositif particulier n'est, par ailleurs, mis en place dans ces service, hormis la réservation d'un lit en isolement aux cas confirmés et la prise en charge rapide (traitement médicamenteux) de toute future maman présentant des signes cliniques de la grippe.