Réalité n Les Algériens hésitent toujours à offrir leur sang. Dans les centres de transfusion sanguine et les cliniques mobiles spécialisées, les donneurs ne se bousculent pas. Les dernières statistiques renseignent sur le manque d'intérêt accordé par les citoyens à ces gestes humanitaires. Sur 35 millions d'Algériens, on compte seulement 90 000 donneurs réguliers. Le plus important nombre de dons, enregistré en 2009, ne dépassait pas 400 000 poches. Lorsqu'un malade a besoin de sang, ce sont généralement les membres de sa famille qui lui en donnent. La culture du don de sang n'est pas encore ancrée dans notre société, en dépit des diverses campagnes de sensibilisation. Ce qui est remarqué, d'ailleurs, est que plusieurs personnes font des dons à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale du donneur de sang, coïncidant avec le 14 juin de chaque année, mais ils oublient de refaire ce geste humanitaire tout au long de l'année. Il faut du temps pour que cet acte devienne un réflexe ordinaire chez les citoyens. «C'est à l'école de jouer son rôle dans ce sens. Si on commence à sensibiliser la personne dès l'enfance, on aura certainement de bons résultats à l'avenir. Le mouvement associatif est aussi appelé à s'impliquer dans la sensibilisation car le sang ne peut être produit que par l'être humain et la vie de beaucoup d'hommes et de femmes malades dépend de ces dons», affirme Kaddour Gherbi, président de la Fédération algérienne des donneurs de sang (FADS). Et ce n'est pas la volonté qui fait défaut. Les Algériens ont fait preuve, à maintes reprises, d'une générosité sans pareille. Lors des séismes de Boumerdès et d'Alger en 2003, des inondations de Bab El Oued en 2001 et du lancement de la campagne de solidarité avec le peuple de Gaza, en 2007, des milliers de citoyens avaient donné leur sang. Mais en dehors des situations de crise, les Algériens semblent oublier le «devoir moral» d'aider les malades ayant constamment besoin de sang. Interrogés, certains citoyens affirment qu'ils n'offrent leur sang qu'en cas de nécessité majeure. «Je suis mal nourri et franchement je ne peux donner mon sang. Pour récupérer une goutte, il me faudra des mois et peut-être plus. Pour être en mesure de donner du sang, il faut au moins consommer régulièrement de la viande, des fruits...», dit Amar, la trentaine, employé dans une administration publique. Pour lui, les campagnes de sensibilisation devraient plutôt cibler «ceux qui ont une nourriture équilibrée et riche en vitamines et protéines». D'autres citoyens estiment que la collation offerte après le don du sang est loin de permettre au donneur de récupérer. Il faut ajouter à cela, la peur d'attraper une maladie. Ils craignent que les employés chargés de la collecte du sang utilisent la même seringue pour plusieurs personnes. Mais cela reste une simple phobie basée sur des préjugés car pour l'instant aucun cas de donneur de sang ayant attrapé une maladie n'a été enregistré dans notre pays. Un long travail doit être fait pour inculquer la culture de don de sang dans notre société…