Accusations n A la veille de la Journée mondiale du sang, la Fédération algérienne des donneurs de sang (FADS) parle de graves dépassements. Des cartes grises falsifiées, des camions de transfusion sanguine vendus en pièces détachées, et des centaines de pochettes de sang jetées dans les poubelles. Hier, au forum d'El Moudjahid, Kaddour Gherbi, SG de la Fédération algérienne des donneurs de sang (FADS), a subi une poussée d'adrénaline et beaucoup de mauvais sang. Le record de 65 000 donneurs permanents enregistrés pour l'année 2006 ne devra pas être, selon lui, «l'arbre qui cache la forêt». «La politique du sang est en péril aujourd'hui. Comment voulez-vous parler de pérennité du sang alors que nous disposons, au niveau de la fédération de preuves irréfutables concernant des camions de transfusion sanguine dont les cartes grises ont été détournées au profit de tierces personnes, d'autres engins de même nature vendus en pièces détachées et de centaines de pochettes de sang jetées dans les poubelles», s'est-il emporté amèrement, à la veille de la célébration de la Journée mondiale du don de sang qui coïncide avec le 14 juin de chaque année, en taisant toutefois le nom des coupables. La petite offrande qui peut sauver des vies, estime-t-il, fait face à d'innombrables problèmes pouvant «mettre en péril tout le système de santé national». Le premier est d'ordre organique et concerne une sorte de guerre de «leadership», opposant la Fédération à l'Agence nationale du sang (ANS), à la suite d'«un voyage à l'étranger avortée à la dernière minute». Pour la petite histoire, la FADS impute à son vis-à-vis le grief d'avoir délibérément empêcher ses délégués de faire le voyage au Canada, lieu du déroulement, au moment des faits, d'un congrès international. Une représentante de l'ADS, présente hier, à la conférence, et en réponse à ces accusations, a apporté un démenti formel, préférant plutôt parler «d'un problème de calendrier». La parenthèse fermée, le principal animateur évoquera ensuite plusieurs autres accrocs. Il dénonce «la situation déplorable qui prévaut dans les 152 Centres de transfusion sanguine répartis à travers le pays ainsi que la médiocrité de la collation offerte au donneur qui est, là, pour accomplir un geste hautement humanitaire». Dans ce registre précis, M. Gherbi, qui, à l'occasion n'a pas manqué de signaler l'importance d'inscrire le groupage sanguin des citoyens dans «chaque document officiel», outre le permis de conduire, relève le manquement de certains centres en termes de services fournis. En témoignent les centaines de cas de faiblesse et d'évanouissement parmi les donneurs de sang «ce qui, précisera-t-il, ne manque pas de tuer l'envie chez les milliers de personnes qui veulent aider les autres par de précieuses gouttes de sang». «Il ne faut pas, seulement, remercier le donneur pour son acte et le laisser partir aussi rapidement en lui donnant des biscuits» a-t-il déploré, non sans omettre de signaler aussi, le manque flagrant de banques de sang ou alors «l'inutilité» de la carte de donneur de sang qui ouvre pourtant droit à son propriétaire à la gratuité des soins. L'intervenant a surtout émis le souhait de voir à l'avenir «une meilleure disponibilité du sang au niveau des hôpitaux, notamment, au profit des personnes atteintes de la thalassémie, pour qui la transfusion sanguine demeure le seul remède», a-t-il conclu.