Temps n Les années 80, voire les années 70, constituaient la belle époque touristique pour les monts du Djurdjura. Aujourd'hui, le tourisme solidaire semble plaire davantage que celui de masse. Les activités sportives et scientifiques, les randonnées pédestres et autres activités ont connu leur belle époque, durant laquelle les gens du pays et les touristes étrangers profitaient côte à côte des bienfaits de cette belle montagne. Ceux qui ont vécu cette époque nous en parlent. A. Arezki, lui, se souvient et nous raconte les moments «inoubliables» qu'il a vécus en plein Djurdjura. «Nous passions plusieurs jours en montagne. Nous organisions un camping et un programme quotidien : des randonnées, des parties de ski et d'escalade. C'était magnifique», raconte-t-il. Il ajoute qu'en plus de son club de ski, d'autres clubs et individus venaient d'Algérie ou d'Europe pour s'adonner à d'autres activités sportives et touristiques. Un aveu que vient consolider T. Mohamed, un habitué de la montagne depuis la fin des années 60. Il raconte avoir participé, durant les années 80, au lancement de l'Office du tourisme dans la commune d'Ath-Yenni. «On se retrouvait à environ 50 personnes de toutes nationalités à partager en pleine communion des moments de courtoisie avec la montagne.» «Hélas, le bonheur ne dure pas. La décennie noire est arrivée pour anéantir toute activité du genre.» Aujourd'hui, les lieux sont-ils sécurisés ? C'est la première question que doit se poser quiconque projetterait d'aller à la découverte du Djurdjura. A ce sujet, les habitants de la région ne semblent pas inquiets. «Allez-y. Montez. Vous n'avez rien à craindre», nous rassure un vieux paysan rencontré au bord de la route, qui ne manque pas de noter que les gens sont de plus en plus nombreux à se rendre à la montagne, bien que ça reste loin d'égaler la ruée d'autrefois. Un autre créneau reste également à développer : celui du tourisme solidaire Selon ses spécificités culturelles, sociales et artisanales, la Kabylie est appelée à voir émerger un tourisme capable de valoriser ses atouts sans toutefois lui porter préjudice. Le tourisme solidaire est une forme de tourisme qui peut porter ses fruits dans les villages entourant le Djurdjura puisque ces derniers disposent encore d'un bon potentiel culturel à même de séduire les touristes étrangers. M. Belahmer, directeur du tourisme à la wilaya de Tizi Ouzou, affirme que le tourisme solidaire est un créneau qui peut marcher à condition d'en définir les contours au préalable pour une implication efficace de la part des habitants. En effet, contrairement au tourisme de masse, le tourisme solidaire est plutôt sélectif et exige un engagement de la part des habitants de la région. Les touristes doivent partager la vie quotidienne des populations autochtones en contrepartie d'une somme d'argent. La qualité de la prestation dans ce genre de tourisme dépend de l'authenticité du produit proposé. Notons que le tourisme solidaire est un créneau qui relève notamment du mouvement associatif et des agences de voyages, donc ce n'est pas une pure activité commerciale. Selon notre interlocuteur, les pouvoirs publics ne sont même pas censés savoir l'arrivée de touristes, alors que l'habitant qui s'engage à les recevoir doit les déclarer à la police, à la gendarmerie ou à l'APC. Consciente de sa faisabilité, l'association Amusnaw, Les femmes du printemps noir en collaboration avec l'association Forum Femme de Méditerranée de Marseille, ont lancé conjointement un projet de tourisme solidaire en Kabylie en 2006. À en croire les prévisions de ce projet, si le tourisme solidaire arrive à vraiment s'implanter dans cette région, les bénéfices qui en découleront permettront de rémunérer l'activité principalement féminine, valoriser le patrimoine culturel, créer de l'emploi mais aussi limiter l'exode rural.