Les diplomates dans les pays de l?Union du fleuve Mano (Guinée, Liberia et Sierra Leone), de même qu?en Côte d?Ivoire, appellent le Liberia «l??il de la tempête», et craignent qu?il ne déclenche une plus forte instabilité que celle qui prévaut déjà dans la région. Pour les analystes, le Liberia est critique pour la stabilité politique et économique de la sous-région, mais des diplomates dans la capitale Monrovia affirment que le président Charles Taylor est persuadé que ses voisins appuient les «terroristes» qui veulent sa mort. Le Bureau de l?ONU de coordination des affaires humanitaires (Bcah/Ocha) a averti que si le conflit continue, il risque d?exposer les pays de l?Union (Guinée, Liberia et Sierra Leone) à «une crise humanitaire et des droits de l?homme de grande ampleur», dans une bien plus grande proportion que celle dont ils souffrent déjà. On fait souvent remonter le record récent du violent conflit au Liberia au coup d?Etat militaire de 1980, à la suite duquel Samuel Doe s?est emparé du pouvoir et a dirigé le pays jusqu?à ce qu?il soit renversé, puis tué dix ans plus tard. Charles Taylor, l?actuel président, a fomenté une insurrection armée contre Doe depuis la Côte d?Ivoire en 1989 et a contrôlé la plus grande partie du Liberia depuis 1992. Il a fini par accéder au pouvoir après des élections acceptées par les factions rivales en 1997. Les opposants à M. Taylor ont à nouveau pris les armes, et l?actuelle vague d?hostilité entre le gouvernement libérien et les rebelles du mouvement : Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (Lurd) a démarré en 1999. Au moins 120 000 Libériens ont été déplacés par le conflit actuel et 228 000 autres ont été forcés à se réfugier dans les autres pays de l?Union du fleuve Mano. Le tiers du pays est inaccessible et l?état d?urgence, imposé en février, reste en vigueur. Près de 76 % des Libériens vivent en deçà du seuil de pauvreté ; le chômage se maintient à 80% et à peine 50% de l?infrastructure de l?avant-guerre fonctionnent, d?après les agences humanitaires.