Les analystes estiment que les chefs de guerre, notamment M. Taylor, ont amassé des millions de dollars grâce au commerce des minerais et d?autres ressources. M. Taylor en aurait retiré pas moins de 75 millions de dollars par an. En 2001, le Conseil de sécurité de l?ONU a demandé à M. Taylor de cesser d?apporter son appui aux rebelles sierra-léonais et de mettre fin au commerce des diamants du pays. Une réponse insatisfaisante a conduit le Conseil à imposer un embargo sur les exportations de diamants et une interdiction de voyage pour certains dignitaires libériens en mai de cette année. Il a aussi décrété un embargo sur la vente ou la fourniture d?armes au gouvernement de M. Taylor. «Un cercle vicieux» de conflit armé, de prolifération d?armes de petit calibre, de chômage de jeunes, de mauvaise gouvernance et de corruption ainsi que le commerce illégal de minerais et autres ressources naturelles pour financer les activités militaires, ont exacerbé «la spirale de la violence» dans la région, selon l?ONU. Les travailleurs humanitaires craignent que la propagation du conflit au Liberia ne s?étende à la Côte d?Ivoire à la Guinée et à la Sierra Leone en raison des profonds liens historiques entre les pays de l?Union du fleuve Mano. Par exemple, le Liberia a accueilli des réfugiés sierra-léonais durant ses dix années de guerre. Au moins 30 000 se trouvent encore dans ce pays et beaucoup ont été pris dans le conflit libérien incessant. «La paix dans l?un signifie la paix dans les autres. L?absence de paix dans l?un signifie l?absence de paix dans les autres», a déclaré à Irin un travailleur humanitaire à Monrovia. Adekeye Abebajo, auteur de Builiding peace in West africa (construire la paix en Afrique de l?Ouest) publié par l?International peace Academy, a relevé que l?appui des dirigeants de la sous-région à des factions dissidentes déstabilisant les régimes voisins était devenu une tendance alarmante. «Le Burkina Faso et la Côte d?Ivoire ont assisté le NPFL (national patriotic front of Liberia) ; le Liberia et le Burkina Faso ont assisté le RUF en Sierra Leone, le Nigeria, la Sierra Leone et la Guinée ont soutenu les factions anti-NPFL au Liberia», a-t-il écrit. En outre, les diplomates indiquent que selon les informations disponibles, les rebelles du Lurd pourraient reprendre les attaques contre Monrovia au début de la saison sèche en novembre. Ils ont poursuivi que le groupe rebelle est actuellement en butte à des problèmes internes de leadership, ce qui risque de retarder sa campagne. Inquiets devant la situation dans les pays de l?Union du fleuve Mano, les agences de l?ONU et les donateurs se sont rencontrés du 9 au 11 septembre à Abidjan, en Côte d?Ivoire, pour envisager des stratégies de réponse aux imprévus. Ils ont également discuté des moyens de recueillir des fonds, étant donné que leurs appels aux fonds de l?an dernier ont à peine généré le tiers du financement requis. «La situation demeure imprévisible, mais tout indique que la crise humanitaire dans la région, en particulier le déplacement de la population, risque de s?approfondir», ont conclu les participants à la réunion.