Charge n Un procureur a affirmé avoir été limogé par le président afghan Hamid Karzaï pour avoir refusé de bloquer des enquêtes en matière de corruption au plus haut niveau du gouvernement. Selon le New York Times (NYT) dans son édition d'hier, samedi, M. Faqiryar, ex-procureur général adjoint, a dans un entretien au quotidien indiqué que des enquêtes sur plus d'une dizaine de hauts responsables afghans, parmi lesquels des ministres, des ambassadeurs et des gouverneurs provinciaux, avaient été entravées ou bloquées par Hamid Karzaï ou le ministre de la Justice, Mohammed Ishaq Aloko, notamment. «Nous proposons des enquêtes, des incarcérations et des poursuites de hauts responsables gouvernementaux, mais nous ne pouvons pas lui résister», a déclaré M. Faqiryar au NYT, à propos du président Karzaï. «Il ne signera rien. Nous avons ici (en Afghanistan) des procureurs formidables, honnêtes et professionnels, mais nous avons besoin de soutien», a-t-il poursuivi. Le NYT assure que ces dires ont été corroborés par des responsables occidentaux au fait de ces questions, et qui ont assuré que M. Karzaï et d'autres membres de son gouvernement avaient, à plusieurs reprises, entravé des poursuites contre des personnalités gouvernementales afghanes. Selon le journal, le président afghan est intervenu en août pour faire cesser les poursuites contre l'un de ses plus proches conseillers, Mohammed Zia Salehi, que des enquêteurs avaient surpris sur écoute demander un pot-de-vin à un Afghan. Le chef de cabinet du chef de l'Etat, Umer Daudzai, a «catégoriquement démenti toute obstruction d'enquêtes, sous quelque forme que ce soit, de la part du président Karzaï». Mais, «c'est son travail de s'assurer que la justice n'est pas utilisée à des fins politiques. Et malheureusement, nous voyons dans certaines de ces affaires, qu'elle est utilisée à des fins politiques», a-t-il néanmoins précisé. La corruption, c'est aussi le sujet de discorde entre Kaboul et Washington. Les relations entre l'administration Obama et le président Karzaï sont menacées par ce dossier. Les deux unités anticorruption (Major Crimes Task Force et Special Investigative) installées par les Américains sont mal vues par le président Hamid Karzaï. Ce dernier n'apprécie pas que ces deux unités échappent à son contrôle, d'abord pour des raisons de souveraineté et surtout parce qu'au fil des enquêtes, les policiers anticorruption ont atteint l'entourage de Hamid Karzaï et ont arrêté plusieurs membres du gouvernement. Le président afghan s'apprête donc à riposter en publiant un décret limitant le champ d'action des policiers anticorruption. Hillary Clinton a été la première à réagir et a appelé Hamid Karzaï, cette semaine, pour l'en dissuader et le gouvernement américain ne cache pas que la publication de ce décret pourrait créer la pire crise dans les relations entre les deux pays.