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Une guerre sans fin
L'instabilité règne en Afghanistan
Publié dans El Watan le 18 - 12 - 2006

L'Afghanistan, théâtre d'une guerre lancée en novembre 2001, est devenu un cas d'école, mais dans le plus mauvais sens. On disait d'elle qu'elle serait une guerre de courte durée, et la preuve en a été donnée par la chute rapide du régime des talibans, mais elle s'inscrit dans la durée, et personne ne peut dire avec plus ou moins de certitude quand elle prendra fin.
La guerre en Afghanistan est même considérée comme ce qu'il y a lieu de ne pas faire, c'est-à-dire envoyer chaque jour plus de troupes. Un million de soldats ne suffira pas, disait récemment un diplomate. Alors, l'Organisation du Traité de l'Atlantique nord (OTAN) croit avoir trouvé la parade. L'Alliance a tout simplement adressé un ultimatum à ceux qui la combattent avec de plus en plus de présence. L'Otan a averti samedi les talibans retranchés dans deux districts du sud de l'Afghanistan qu'ils seraient chassés « par la force » s'ils refusaient de partir, dans des tracts largués au-dessus de leurs positions. La force internationale d'assistance, à la sécurité (Isaf) a ordonné aux talibans, dans ces tracts de partir « immédiatement des districts de Zahre et Panjwayi (province de Kandahar) pour permettre le lancement de projets de développement, sinon ils seront chassés par la force », a déclaré un porte-parole de l'Isaf, Dominic Whyte. Le message paraît d'une incroyable candeur, car c'est une guerre sans merci qui se déroule dans ces zones. Des centaines de soldats de l'Isaf ont lancé vendredi l'opération « Faucon du sommet » pour chasser les talibans de ces deux districts et y permettre des projets de reconstruction, en collaboration avec les chefs tribaux locaux, selon l'Isaf. De plus en plus présents, les talibans ont, quant à eux, nié être soutenus par le Pakistan voisin, comme l'a affirmé le président afghan Hamid Karzaï, assurant qu'Islamabad était leur « ennemi » en raison de son amitié avec Washington. Confronté à une recrudescence de l'insurrection des talibans, le président afghan Hamid Karzaï cherche à accentuer la pression sur le Pakistan, qu'il accuse d'alimenter les violences, et tente de gagner à sa cause des chefs tribaux des deux pays, estiment des analystes afghans. Alors que son pays fait face cette année aux attaques ou attentats suicide les plus meurtriers depuis cinq ans avec près de 4000 morts, M. Karzaï s'en est violemment pris ces derniers jours au Pakistan voisin. Il a accusé des « éléments au sein de l'Etat pakistanais » de soutenir comme par le passé les talibans pour « asservir » le peuple afghan. Les accusations de M. Karzaï contre un pays considéré par Washington comme un allié dans la lutte antiterroriste interviennent alors que le projet cher au président afghan de tenir une « jirga de paix » semble piétiner en raison de divergences avec Islamabad sur la façon d'organiser cette assemblée avec des chefs tribaux de chaque côté de la frontière. Cette idée avait été lancée fin septembre par M. Karzaï, quelques semaines après la signature d'un « accord de paix » controversé entre Islamabad et des militants pro-talibans du Nord Waziristan. Depuis, les infiltrations d'extrémistes en Afghanistan se sont multipliées, selon l'Otan. M. Karzaï « essaie de mettre la pression sur Islamabad, avec les seuls moyens dont il dispose, soit des déclarations, et espère gagner à sa cause les chefs tribaux du Pakistan et de l'Afghanistan avec la tenue d'une jirga », à une date qui reste indéterminée, estime l'ancien ministre et analyste politique Haminullah Tarzi. « Mais cette jirga ne peut avoir qu'un impact limité sur l'insurrection des talibans qui ont leur propre agenda », relève-t-il. Il cite les « sérieux doutes » soulevés par l'accord de Musa Qala (province d'Helmand, sud) conclu en septembre dernier avec les chefs tribaux de ce district. Ces derniers avaient promis une « détalibanisation » de la zone en échange d'un retrait des troupes britanniques, mais les talibans y sont toujours comme l'ont montré de récents combats, estime M. Tarzi. Selon Abdoul Haq Waleh, rédacteur en chef du journal anglophone Kabul Times, « la jirga vise à intégrer les talibans dans le processus de paix et à neutraliser la propagande du Pakistan qui veut faire croire que les Pachtounes sont marginalisés au sein de l'administration afghane ». « D'où les récents appels à l'unité nationale de Karzaï. C'est une façon de tendre la main aux talibans, de leur dire de penser à leur pays, de renoncer à être l'instrument de la politique pakistanaise », dit-il. Mais ce projet de jirga est loin de faire l'unanimité au Parlement afghan. « Qui sont ces chefs tribaux ? Ce sont parfois eux-mêmes des talibans », estime Fawzia Koofi, vice-présidente adjointe du Parlement, refusant toute participation aux talibans à une telle assemblée. « Ce serait légitimer des terroristes qui ont régné par la terreur et veulent revenir au pouvoir par la terreur », dit-elle. « Le problème est entre les gouvernements des deux pays, pas entre les gens. Ce que veut Islamabad, c'est forcer Kaboul à reconnaître la ligne Durand », affirme-t-elle à propos de la frontière afghano-pakistanaise qui coupe en deux les territoires pachtounes et qui n'est pas reconnue par Kaboul. C'est là un autre enjeu qui ne fait pas partie des éléments de cette guerre qui n'en finit pas. Mais elle rappelle par bien des aspects celle qui ravage l'Irak, et pour y mettre fin, il est fait appel aux ennemis d'hier, les Baâthistes et les anciens militaires. Mais pour ainsi dire, des guerres qui n'ont absolument rien réglé.

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