Dividendes Ce sont les appareils des partis politiques et des associations qui les récolteront. Si l?on se fie aux images galvaudées par la télévision nationale, on pourrait conclure que la majorité de la population algérienne a déjà fait son choix. C?est l?actuel président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui devrait assurer un deuxième mandat à la tête de l?Etat. En réalité, les choses sont beaucoup plus complexes qu?on ne l?imagine, et le meilleur des analystes de la scène politique nationale ne pourra jamais trancher à 100 % la question de savoir qui accorde ce soutien au chef de l?Etat et pourquoi. Aussi, le débat sur le fait de savoir qui, des militants de partis politiques et des associations nationales ou leurs appareils, sont à la base de ce soutien massif au chef de l?Etat est très peu abordé, même s?il est fort intéressant. L?enjeu étant ailleurs, les adversaires et les partisans de Bouteflika sont avant tout obnubilés par la manière avec laquelle vont se dérouler cette élection présidentielle que par le fait de savoir leur représentativité au sein de leurs bases. Le cas du MSP d?Aboudjerra Soltani est assez illustratif de cette tendance sociopolitique qui commence à traverser certaines formations politiques et certaines associations sociales. En effet, voilà un parti politique dont une partie de la base militante aurait souhaité voir dégager son propre candidat à cette élection présidentielle, alors que la direction, donc les appareils dirigeants du mouvement, ont officiellement et publiquement apporté le soutien de ce parti à la candidature du président Bouteflika pour un second mandat. Situation presque similaire dans les rangs de la Centrale syndicale Ugta où malgré l?unanimisme de façade, la citadelle du monde du travail est traversée par de forts courants contradictoires portant évidemment sur le soutien ou non à un second mandat pour Abdelaziz Bouteflika. Lors de la récente session ordinaire de sa Commission exécutive nationale (CEN), ce clivage est apparu clairement entre un appareil qui s?est jeté corps et âme dans son appui au programme et à la candidature de l?actuel chef de l?Etat et des syndicalistes qui se disent les porte-voix de leurs bases. Les premiers, sans aucune exigence quant au futur programme ou bilan de gestion du président, apportent à ce dernier leur appui, et les seconds clament qu?il fallait au moins attendre le second tour du scrutin pour se positionner. Alors, les options ont été souvent adoptées par le haut de la hiérarchie, entre les hommes (militants de partis politiques ou simples travailleurs affiliés à l?Ugta) et les appareils censés les représenter, autant la vision que la tactique pour récolter des dividendes de cette compétition électorale sont contradictoires sinon opposées. Il est vrai, que d?une frange à une autre les intérêts et les préoccupations respectives ne sont pas les mêmes et se refléteront sans doute lors de ce scrutin.