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«La révision de la Constitution ne saurait tarder»
Dans un entretien exclusif à la Tribune, le président de l'Assemblée populaire nationale, Abdelaziz Ziari, affirme :
Publié dans La Tribune le 17 - 06 - 2008


Photo : Riad
Entretien réalisé par Faouzia Ababsa et Abdelkrim Ghezali
LA TRIBUNE : Une année après l'élection pour la sixième législature, quel bilan faites-vous de ses activités ?
Abdelaziz Ziari : Le bilan n'est pas une question de chiffres. Cela ne se limite pas au nombre de lois votées. C'est d'abord un bilan d'activité politique d'une assemblée qui a été élue il y a une année. Nous avons effectivement constaté lors de ces échéances une désaffection chez l'électeur, un taux d'abstention élevé. C'est une préoccupation qui doit être prise en charge par cette assemblée. A savoir valoriser l'action des élus de la nation pour rendre crédibles ces élections législatives. Ce n'est pas à mon avis un phénomène conjoncturel. Je pense, et on le voit à travers le monde dans les systèmes qui s'apparentent au nôtre, que la mission des élus est mal perçue par les citoyens. C'est une des leçons à tirer des dernières législatives.
Cette désaffection est-elle liée aux limites de l'institution elle-même ou au comportement de l'élu ?
Honnêtement, je pense qu'elle est liée aux limites de l'institution elle-même. Et surtout à cette incompréhension, sur laquelle je reviendrai, qui se situe au niveau local et régional entre l'administration qui représente l'Exécutif et les élus. Je crois qu'il nous appartient à tous, institutions de l'Etat, en association avec les partis, de recrédibiliser et de valoriser la mission de l'élu au niveau local ou national. Parce que, s'il y a des espaces de médiation qui ne sont pas occupés, les revendications exprimées çà et là se transformeront en revendications violentes, car elles sont la conséquence de l'absence de cette médiation entre gouvernants et gouvernés. Le médiateur, dans mon esprit, c'est celui qui crée le lien entre celui qui exécute une politique et celui qui en reçoit les effets. Et là, je crois qu'il y a beaucoup de travail à faire. D'autre part, il y a une lecture extrêmement étroite de ce que signifie le mandat national. Nous sommes dans une institution qui légifère pour la nation, il est normal que le mandat de l'élu soit national. Mais il faut comprendre que ce mandat comprend également tous les mandats locaux. Le député a un mandat qui lui est confirmé par une partie de la population au niveau de sa wilaya. Il la représente, qu'il soit de l'opposition ou de la majorité. Il a le devoir de faire connaître les préoccupations de ses concitoyens. De la même manière qu'il a le devoir, en fonction de ses affinités politiques, de faire parvenir à ses concitoyens les objectifs de la politique qui est menée, des difficultés à mettre à exécution cette même politique, etc. C'est-à-dire qu'il soit un véritable médiateur au sens étymologique du terme. Je crois que cet aspect doit être renforcé et valorisé. Je m'y suis attelé. Lorsque j'étais ministre chargé des relations avec le Parlement, j'ai initié, avec l'accord du chef du gouvernement, une démarche qui a consisté à ce que les walis, avant de présenter le bilan de leur wilaya devant le conseil de gouvernement, tiennent des réunions avec l'ensemble des élus (APN, Conseil de la nation, majorité et opposition) leur demandant leur point de vue sur la mise en œuvre de ce programme en leur exposant tout le bilan de l'action du gouvernement dans la wilaya. Et nous avons fait le point secteur par secteur. Cela me permettait à moi, en tant que ministre, au moment où le wali finissait son exposé sur le bilan, d'intervenir au conseil de gouvernement pour donner l'avis des élus concernant ces questions. Cela ne s'est jamais déroulé dans la confrontation ou de contre-bilan. C'était au contraire une possibilité de coordonner. Souvent, les élus ont demandé à conforter un certain nombre de demandes émises par l'autorité de la wilaya. Nous ne nous sommes jamais retrouvés dans des situations contradictoires.
Au contraire. C'était faire connaître, d'un côté, le point de vue de celui qui exécutait la politique au niveau de la wilaya et, d'un autre côté, faire percevoir le degré de satisfaction ou de non-satisfaction de la population, les insuffisances lorsqu'elles existaient ou bien la concrétisation effective des programmes. C'est une démarche qui a duré près d'une année. J'aurais souhaité qu'elle se poursuive. Le chef du gouvernement m'a dit récemment qu'il allait reprendre cette formule. Cela me permettait de lever ces barrières qui existent au niveau de la wilaya et qui me sont très souvent signalées par les députés. Il y a un certain nombre de walis qui jouent le jeu, qui font participer l'élu, d'autres ne le font pas.
A ce propos, les députés disposent-ils de permanences parlementaires dans leur circonscription ?
C'est à eux de le faire. Hormis les indépendants, les autres sont tous élus sur des listes de partis (Alliance présidentielle ou opposition) qui doivent mettre à leur disposition ces permanences au siège du parti ou ailleurs. Il y a beaucoup de députés qui ont mis en place des permanences, d'autre pas. L'excuse qui est avancée…
Les moyens ?
Non. Il y a cette question de moyens, par exemple la difficulté de trouver un local. C'est un problème national que nous connaissons tous. Ils disent que, pour qu'ils soient efficaces, il faut que le lien avec l'autorité locale soit régulier. Car à quoi cela sert d'ouvrir des permanences, d'écouter les doléances et de ne pas les satisfaire. Ce sont tous ces aspects qui devraient être gérés, pris en charge si l'on veut renforcer ce processus démocratique. Il n'y a pas de processus démocratique sans élections, sans une Assemblée nationale ou un Parlement réellement représentatif. Il n'y a pas de processus démocratique si les élus du peuple ne peuvent pas jouer le rôle qui est le leur. Et jouer son rôle, ce n'est pas s'opposer au gouvernement. Pas du tout. C'est plutôt faciliter son action puisqu'il est issu de ses propres rangs. Il s'agit de conforter l'action de l'Exécutif au niveau local en l'explicitant et en la rendant plus efficace en faisant prévaloir les préoccupations de la population. C'est pour cela que je dis que ce ne sont pas des choses qui peuvent se passer, surtout dans un système pluraliste, en termes de confrontation. Les deux actions sont complémentaires. Des actions qui permettent de rectifier le tir chaque fois que cela est nécessaire. Et plus il y a d'espaces de concertation et de médiation, moins on aura à voir des actions de violence ou toute autre forme de manifestation qui n'est souhaitée par personne sur le terrain. C'est à ce moment-là que l'on verra les citoyens se mobiliser encore plus pour les élections nationales. Il ne faut pas s'étonner d'une désaffection pour les élections législatives si le citoyen ne voit pas le gain réel que peut lui produire le fait d'élire untel plutôt qu'untel. Je crois que tout le monde, les autorités en particulier, doit comprendre cela. Car c'est le meilleur moyen de mobiliser les gens. Les actions de propagande laissent, de toutes les manières, les citoyens froids. C'est à travers les résultats que les électeurs se mobiliseront eux-mêmes sans qu'ils aient besoin qu'on les convainque. Pour en revenir au bilan de cette assemblée, j'estime qu'il est normal. C'est une assemblée qui légifère, produit des lois. Cela ne veut pas dire qu'elle a fait des propositions de loi. Il arrive que les amendements apportés aux projets de loi soient l'équivalent d'une proposition de loi. Il ne faut pas l'oublier. Nous produisons de la législation et nous approuvons les lois, c'est notre mission. Il ne faut pas attendre d'une majorité qu'elle désavoue son gouvernement. Parfois, je suis abasourdi que l'on s'étonne que la majorité approuve l'action de son Exécutif. Une majorité, c'est fait pour cela. Sauf quand il s'agit d'une majorité instable. Je ne connais pas de Parlement où la majorité désavoue son gouvernement. Les gens se battent justement pour obtenir la majorité afin de maintenir la stabilité et pouvoir mener leur politique pendant un mandat déterminé à l'abri des bouleversements. Ce sont des images que l'on colporte et qui n'ont finalement qu'un seul résultat, celui de dévaloriser la représentation populaire. Or, il n'y a pas de processus démocratique sans représentation populaire. Ce genre d'images que l'on véhicule est le premier ennemi du renforcement du processus démocratique. Parce que je ne connais pas d'autres formes d'expression démocratique que le suffrage universel et le vote. Sinon, c'est la rue et les casernes.
La presse peut d'ailleurs jouer un rôle éminemment positif ou négatif dans le renforcement de la mise en œuvre de l'ensemble de ces institutions démocratiques. Et donc de savoir, tout en gardant pour chacun des organes de presse, sa liberté et son choix politiques. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé à l'un de mes collaborateurs qui s'occupe des études législatives et de la formation, un enseignement destiné aux journalistes accrédités auprès de l'assemblée pour se spécialiser. En particulier pour qu'ils soient au fait de tous les mécanismes et de toutes les procédures du fonctionnement de l'APN, depuis l'élaboration d'un avant-projet de loi jusqu'à son aboutissement afin que le travail de l'assemblée soit vulgarisé. Cet enseignement n'a pas pour objectif de faire écrire ou dire aux journalistes que cette assemblée est la meilleure, mais plutôt voilà où se joue le devenir d'une démocratie, d'une nation en cours de progression. Nous avons besoin, dans le milieu de la presse, de journalistes qui se spécialisent pour véhiculer le vrai message de l'APN, dans le souci de renforcer tout ce que l'on considère comme des espaces démocratiques que l'on cherche à améliorer. Je me suis évertué, je le dis sans aucun état d'âme, à rendre l'Alliance présidentielle plus cohérente, à créer les conditions d'une meilleure coordination sur les textes, les débats. Car il y a une logique. Il est évident que l'alliance, qui œuvre à l'exécution du programme du président de la République, ait une vision commune par la concertation, que ses membres soient concernés par les amendements de la même manière. Il y a des objectifs prédéfinis et les députés y contribuent en améliorant et en enrichissant les projets de loi.
On a quand même assisté à des situations où les membres de l'alliance se sont tiré dans le dos au niveau de l'APN…
Je n'ai pas vu cela durant cette année.
Si, concernant la proposition de loi pour la levée de l'état d'urgence…
Je vais y venir. Dans l'Alliance présidentielle, chacun a une spécificité. Un des membres a voulu la faire ressortir. Il s'agit de propositions de loi sur l'état d'urgence, la dépénalisation des délits de presse et les prêches des imams. Cette proposition a été signée et présentée par le président du groupe parlementaire concerné. C'est son droit absolu. Mais il est évident qu'une proposition comme celle-là, qui n'a pas fait l'objet d'une concertation avec partis de l'alliance, ne trouvera pas chez eux l'écho souhaité. Elle n'a donc aucune possibilité d'être adoptée. Lorsqu'on veut qu'une loi passe, on fait tout pour avoir la majorité. Mais quand, dès le départ, on crée les conditions de la non-majorité, cela signifie que l'on n'est pas préoccupé par la proposition de loi. Mais plutôt par le fait qu'on a proposé cette loi. Je ne sais pas si vous saisissez la nuance. Il y a d'ailleurs un proverbe africain qui dit : «L'antilope qui s'éloigne du troupeau finira en peau de tambour.» C'est un message adressé à une clientèle politique déterminée. C'est tout à fait leur droit et leur choix. C'est ça la démocratie. L'alliance n'est pas un front. C'est tout l'intérêt de la démocratie. Et au final, ce sera ce que votera la majorité qui compte. Ce ne sont donc pas des positions qui traduisent des tiraillements. C'est la vie politique, qui ne doit pas être faite d'injures, d'insultes et de diffamations, de coups, de violences et de meurtres. A propos des questions orales, je vous dirais que je suis quelqu'un qui y ait très attaché. Nous menons d'ailleurs une réflexion pour améliorer cet aspect de l'activité parlementaire. Parce que les questions orales qui passent en direct à la télévision touchent directement le quotidien du citoyen. Qui oblige le gouvernement à répondre. Et les réponses du gouvernement l'engagent. Ces séances intéressent les députés dès lors qu'ils passent à la télévision. Ils démontrent à leurs concitoyens qu'ils s'occupent de leurs problèmes, qu'ils questionnent le gouvernement et qu'ils attendent les réponses. Et comme vous l'avez vu, les débats ne sont pas toujours très tendres. La seule chose, c'est que le temps qui nous est imparti est court. Nous n'avons que trois heures, parce que cela passe entre 10h et 13h, et ce n'est que deux fois par mois. Nous ne pouvons faire passer que 12 questions. Quand vous avez 120 qui attendent, cela suscite le mécontentement de certains députés. Sauf que les questions sont classées par ordre d'arrivée. On essaie de trouver une formule qui nous permette à la fois de satisfaire le vœu de nos députés et en même temps d'informer la population, donc de pouvoir bénéficier de la télévision. C'est la raison pour laquelle j'insiste pour que l'on mette en place une chaîne thématique…
Une chaîne parlementaire…
Nous avons préféré une chaîne thématique qui ne soit pas que parlementaire. Vous savez que de par le monde ce genre de chaînes se sont essoufflées, parce qu'il faut de l'argent et elles n'ont pas les moyens. Ce n'est pas sur une chaîne parlementaire que l'on diffusera de la publicité. On peut considérer que la moitié du temps soit réservée au travail parlementaire et l'autre moitié aux thèmes culturels ou sportifs. A charge pour la télévision algérienne de savoir ce qu'elle veut mettre dedans. Pourvu que cela soit attractif et intéresse les citoyens pour les fidéliser à cette chaîne. C'est à travers ce moyen que l'on pourra également valoriser le travail parlementaire en intéressant les citoyens au débat qui se déroule à l'intérieur de l'assemblée. Il y aura alors plus de questions orales. Tout en restant dans le cadre de ce que nous a défini la Constitution.
Qu'est-ce qui empêcherait l'APN d'inviter n'importe quel commis de l'Etat, même s'il ne siège pas au gouvernement pour discuter avec lui sur les questions qui intéressent le citoyen ?
Nous le faisons pour tous les secteurs mais à l'intérieur des commissions. Les plénières sont programmées au début de chaque session avec un ordre du jour déterminé en accord avec le gouvernement et le Conseil de la nation. Ce qui ne se faisait pas auparavant. Lorsqu'on a inscrit tout ce qui doit être mis à l'ordre du jour celui-ci est clos. On n'inscrit un nouveau projet de loi que si le gouvernement en fait la demande expressément en soulignant le caractère d'urgence. C'est écrit dans la loi. Par conséquent, la session est clôturée lorsque l'ordre du jour est épuisé. Pour ce qui est des sessions plénières, elles concernent les questions orales, les débats pour les projets de loi ou propositions de loi, la déclaration de politique générale ou la Banque centrale qui présente annuellement son bilan. Ce n'est pas une assemblée générale d'association ou de parti politique. Tout est réglementé de façon très précise. Récemment, un groupe politique a émis une résolution à la suite de la réponse d'un des ministres, demandant l'ouverture d'un débat général. Ce qui est prévu par la Constitution. Dans l'un de ses articles, il est disposé que la majorité (ce n'est pas un groupe qui décide) peut ouvrir un débat lorsque l'assemblée n'est pas satisfaite de la réponse d'un ministre. Cela présuppose qu'il y ait expression de la non-satisfaction et vote pour faire ou ne pas faire un débat un général. Mais surtout, il y a un point dans la Constitution qui est très précis et qui dit que cela se fait dans les conditions déterminées par le règlement intérieur. Or, celui en vigueur actuellement ne comporte aucune disposition relative à cette question. J'ai alors dit qu'il n'y aura pas de plénière dans le cadre demandé parce qu'il n'y a pas de dispositif en la matière. On ne peut pas improviser. Le règlement intérieur a force de loi organique parce qu'il passe par le Conseil constitutionnel. Il n'y a pas de jurisprudence. C'est donc une faille juridique. Cela étant, à l'avenir, une fois que les choses seront clarifiées par rapport à la révision de la Constitution, la première chose que nous ferons sera d'amender le règlement intérieur en introduisant une disposition relative à l'ouverture du débat général. Il y a aussi des procédures à mettre en place, parce qu'il ne s'agit pas d'organiser un débat général et sortir. Quelle serait sa finalité, qu'est-ce qu'il y a lieu de décider ? On ne se réunit pas pour le plaisir. On vient pour décider. Il faut instaurer des procédures qui respectent la Constitution, la majorité, la minorité, la séparation des pouvoirs. C'est comme cela qu'on arrivera à construire un Etat de droit et non pas un Etat d'approximation.
Vous vous êtes déjà exprimé sur la révision de la Constitution. Vous avez donné l'impression d'y être favorable ?
Ce n'est parce que cela me fait plaisir. C'est à l'ordre du jour. J'ai toujours été favorable à la révision de la Constitution, d'abord. Celle qui est en vigueur a été élaborée dans des circonstances particulièrement difficiles pour le pays pour ne pas dire dans une situation de quasi-urgence. Il fallait remettre en place les institutions qui avaient été suspendues après l'arrêt du processus électoral de 1991. Dans une phase où nous étions sous embargo international, justement à cause de la situation sécuritaire et de l'absence des institutions. Il fallait donc en faire l'évaluation. J'entends dire pourquoi on révise la Constitution. C'est comme si cela relevait d'un crime. Amender la Constitution, ce n'est pas ne pas la respecter. Puisque, elle-même prévoit sa propre révision. Il y a une vieille démocratie en face de chez nous qui en est au 123e amendement de sa Constitution.
Ceux qui disent cela estiment que l'objectif de la révision, c'est juste pour permettre d'aller au troisième mandat…
Vous savez bien qu'il y a de la mauvaise foi en politique. Vous êtes les premiers à savoir que, dès 1999, le président de la République s'est exprimé publiquement en disant qu'il n'aimait pas cette Constitution. On sait parfaitement quel est le problème nodal dans ce texte. C'est cette dichotomie au niveau du pouvoir exécutif. C'est cette première voie d'un président de la République élu au suffrage universel sur un programme et qui s'engage devant ses concitoyens de le mettre en œuvre. Et, deuxièmement, de voir en parallèle un gouvernement qui présenterait son programme devant l'Assemblée nationale et qui peut être désavoué par la majorité parlementaire. On se retrouverait alors dans un cas de figure où une majorité parlementaire peut désavouer une majorité populaire. Il faut donc lever cette équivoque. C'est de dire qu'il y a un seul Exécutif, que son patron est le président de la République et le gouvernement applique la politique approuvée par le peuple. C'est la meilleure manière de respecter la séparation des pouvoirs. C'est pourquoi on parle d'un régime présidentiel. Pour séparer ces deux fonctions que sont le travail législatif et le contrôle du gouvernement, et l'Exécutif qui est totalement sous la responsabilité du chef de l'Etat. D'autre part, je considère en tant que président de l'Assemblée nationale que la question de la majorité au niveau du Conseil de la nation doit être revue. Le blocage total de la loi par une minorité au sein du Sénat pose problème. Reste la question de la limitation des mandats. Je me suis déjà exprimé là-dessus en disant qu'il n'y a aucune raison de limiter les mandats. Ou alors, il faudra appliquer le principe de base selon lequel il faudra les limites à tous les niveaux. C'est le suffrage universel qui décide de renouveler le mandat ou pas. Ce n'est pas la limitation des mandats qui peut être le garant de la démocratie. C'est vrai, qu'à un moment donné, dans les années 1990, on nous imposait des conditionnalités. En fait, c'était beaucoup plus des pressions morales. Nous étions donc tenus de donner des gages de démocratie. D'autre part, j'ai le droit de souhaiter que le président de mon parti poursuive sa mission jusqu'au bout… C'est évident. Il y a des avis différents, c'est sûr. Chaque pays a le droit de mettre en place des textes qui correspondent à sa phase de développement historique, à la façon dont sa propre société perçoit ces textes et leur application sur le terrain. Un pays a besoin d'une longue période de stabilité. Si on peut la garantir par le renouvellement de la confiance au chef de l'Etat, on le fait. On ne gère pas pour des théories mais pour des réalités que nous vivons matin et soir.
Au-delà du vœu partisan, est-ce que ce n'est pas motivé par le souci de poursuivre un programme de développement ?
Bien sûr ! Absolument ! Poursuivre un programme, assurer la stabilité des institutions. Le peuple tranchera. Je crois que la grosse angoisse des partis d'opposition qui ne souhaitent pas ce troisième mandat, c'est qu'ils savent que si le Président se représente –il est si populaire– aucun d'entre eux n'aura la chance d'avoir quoi que ce soit. Pour passer, il faut enlever celui que la population souhaite. Voilà une façon de voir la démocratie. Assez originale. D'ailleurs, l'Algérie en a vu d'autres.
Est-ce qu'il y a des échéances par rapport à la révision constitutionnelle ?
La décision appartient légalement et constitutionnellement au chef de l'Etat. Mais je pense que cela ne va pas trop tarder. Parce qu'il y a des échéances, comme l'élection présidentielle. Cela va se débloquer dans les semaines à venir pour que nous puissions nous préparer tous à cette échéance importante. Vous savez qu'à partir de janvier commencera la campagne présidentielle. Nous avons six mois pour finaliser le bilan qui va être dressé de ces années de mandature.
L'adoption de cette révision…
Cela ne posera pas de problème.
Sous quelle formule se fera-t-elle ?
La Constitution est claire. Quand cela ne doit pas aller vers le référendum, et je ne pense qu'il soit souhaité, cela passera par le Parlement avec les deux Chambres réunies sur convocation du président de la République. D'autant plus que nous allons vers la présidentielle. Organiser trop de consultations populaires finit pas lasser les citoyens. Le signe de lassitude est un signe de passage à la normalité. Les consultations où il y a eu engouement pour les élections intervenaient dans des situations de violence. Les citoyens étaient prêts à tout pour en finir avec les problèmes et la tragédie dans lesquels ils vivaient. Une fois que la situation s'est normalisée, ils font ce qu'ils ont l'habitude de faire par rapport aux élections. Pendant le parti unique, ils ne se pressaient pas aux urnes. Je vous dispense de la discussion sur les listes électorales. Je reste circonspect à ce sujet. Il y a beaucoup à faire en la matière. Il y a un peu plus de mobilisation au niveau des élections locales. Parce que chacun veut faire passer son groupe pour bénéficier de ses atouts. Cela ressemble à de la politique théorique pour le citoyen. Ce qui n'est pas le cas pour l'élection du chef de l'Etat. Il faut prendre en charge l'écueil de l'absentéisme. C'est l'affaire des partis politiques qui doivent être le support de ce processus démocratique. Sinon, on n'évoluera pas. Aussi, il faut renforcer les rangs les partis. C'est fondamental. L'humanité n'a pas créé d'autres formes de démocratie. D'ailleurs s'il y a abstention, c'est la faute aux partis, y compris le mien, qui ne se manifestent que lors des élections. Les citoyens ne sont pas dupes. L'abstention joue contre aussi bien les partis de la majorité que ceux de l'opposition. Il faut savoir que le processus démocratique en Algérie date de dix ans. Avant, c'était l'échec du processus démocratique. C'était la catastrophe. Heureusement qu'il y avait des institutions encore debout telle que l'armée et l'Administration, sinon le pays serait parti dans je ne sais quelle direction.
Le ministre de l'Intérieur a soulevé le problème des associations qui ne sont pas opérationnelles. Est-ce la même chose pour les partis politiques ?
Non, il y a une loi qui les concerne. Il est impératif de revoir la loi sur le mouvement associatif pour qu'il soit basé sur l'action volontaire de citoyens qui veulent se regrouper autour d'objectifs précis qui les concernent au quotidien. Le mouvement associatif s'adresse à des gens qui ont des problèmes à résoudre mais qui ne s'intéressent pas à la politique. L'amalgame des années 90 a complètement dénaturé le sens de ce que doit être le mouvement associatif, en raison de sa caporalisation par les partis politiques. Cela joue d'ailleurs contre lui et la capacité pour les citoyens de s'organiser. Si on avait voulu décrédibiliser le mouvement associatif on ne se serait pas mieux pris. Je comprends que chacun de nous (partis) veuille élargir son influence, mais il y a des méthodes beaucoup plus intelligentes pour ce faire. Je ne parle pas d'associations fictives -et j'en connais puisque j'ai été ministre de la Jeunesse et des sports- créées par des fonctionnaires pour le bénéfice de l'administration. Ce n'est pas sérieux. 95% des associations n'existent que sur le papier. Les plus débrouillardes ne se manifestent que lorsqu'il s'agit d'avoir des subventions. Cela dit, ce n'est pas de leur faute. Car la loi sur les associations donnait toute possibilité à l'administration de faire le ménage. Mais, si elle-même, au niveau local se met à faire du clientélisme, il est évident que l'on obtienne des associations fictives qui ne servent à rien. Aussi, si on veut renforcer cette espace, il faut l'assainir. Nous aurons alors des associations sérieuses et elles pourront alors prétendre à des subventions. Parce qu'il y aura des activités d'intérêt général, d'utilité publique que nous ne voulons plus faire faire par l'administration, par des fonctionnaires. Il faudrait aussi qu'il y ait de la rigueur dans le contrôle de ces activités. Car il est évident que, quand on subventionne, on contrôle. C'est une règle universelle.
Est-ce que ce contrôle existe ?
Non, il n'a jamais été fait. Il faudra donc le mettre en place. De plus, on ne subventionne pas n'importe quoi, comme les salaires des femmes de ménage, des secrétaires, des chauffeurs et des méchouis, mais des activités. Le reste vient de la poche des adhérents. Ce n'est pas compliqué. L'administration a ses missions. D'ailleurs nous attendons toujours les codes communal et de wilaya. Car la réforme de l'Etat passe par celle des communes. Il faudra définir les missions de l'élu local et de l'administration. Les choses doivent être claires. Le document élaboré par M. Sbih fait ressortir que c'est la gouvernance locale qui pose le plus de problèmes. A titre d'exemple, la gouvernance des régions du Sud doit être revue. Car le chômage, pour ne prendre que cet exemple, ne peut pas être résolu à partir d'Alger. Nous sommes en face d'une jeunesse éduquée, instruite, il faut lui répondre en fonction de ses aspirations.


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