Dilemme Méziane hésite. Il ne sait pas s?il doit prendre le risque de s?ouvrir aux siens et s?attirer ainsi les foudres de la djemaâ. Son sourire, qui ne la quitte que très rarement, ravive la douleur secrète de Méziane. Il sait que même sa mère, si bonne et si tendre, resterait intransigeante sur les questions «d?honneur» du clan, et se rangerait implacablement du côté de Hocine. Elle revient près de lui avec une petite assiette en terre contenant des figues sèches : ? Tiens, mange-les vite, Méziane, avant que les autres ne te voient ! Puis elle prend place à même le sol, près de lui, s?assoit en tailleur et, feignant de jouer avec les bracelets d?argent qui ornent ses avant-bras bronzés, elle dit : ? Méziane, je sens qui tu as des soucis? Tu n?es plus le même ! Et elle le fixe de son regard perçant, qui fait rougir le jeune homme, le faisant redevenir un petit garçon. Il baisse les yeux, suivant le contour des pierres blanches de la cour, jusqu?au mur, puis répond presque timidement : ? Non, je n?ai rien, Yemma ! Rien du tout ! ? Si Meziane, et je sais ce que tu as ! Elle se tait brusquement quand sa bru sort dans la cour, et elle attend qu?elle ait fini de secouer, au fond près de la porte, un lourd haïk qu?elle a tissé elle-même durant les longues nuits d?hiver. Méziane profite de ce répit pour reprendre ses esprits. ? Je sais ce que tu as mon fils, reprend Ouiza après un moment en suivant tous les gestes de sa bru. ? Dis moi, Yemma tu crois que tu auras terminé avec l?huile d?ici la fin de la semaine ? ? Ne change pas de conversation ! Et elle éclate de rire faisant danser les lourds «mcharef» d?argent qui pendent à ses oreilles. ? Je sais ce que tu as Méziane, je te dis ceci, écoute bien, oublie l?idée qui te trotte dans la tête. Ce ne sont pas les belles filles qui manquent chez nous, les Aït Meddour ! Il veut protester mais elle est déjà debout et se dirige vers la meule à la grosse pierre bleuie par l?huile d?olive et les ans... (à suivre...)